Visages du cosmopolitisme littéraire dans la Chine moderne

Séminaire de M2 d’Isabelle Rabut
Ouvert également aux doctorants

Le séminaire 2021 sera consacré au modernisme qui s’est développé dans la littérature taïwanaise à partir des années 1950 et aux influences étrangères qui l’ont nourri. La question sera traitée à travers des articles théoriques ainsi que des exemples empruntés à la littérature fictionnelle et à la poésie. Une place sera consacrée également à la critique du modernisme et du cosmopolitisme formulée à la fin des années 1970 lors de la fameuse controverse de la littérature de terroir (xiangtu wenxue lunzhan).

Lieu et horaires : Zoom – le lundi de 14h à 16h

Contacts : isabelle.rabut [@] inalco.fr

Prérequis : bonne capacité de lecture de textes en caractères traditionnels ; connaissances de base sur l’histoire de la littérature taïwanaise.

Sociologie du Japon contemporain

Séminaire de M2 de Kazuhiko Yatabe

Dans le prolongement des réflexions menées ces dernières années autour du bénévolat, nous aborderons cette année la question de l’espace public dont on sait que l’existence conditionne, en Europe, la possibilité d’une politique de la pitié. Comment peut-on le définir dans le cadre de l’univers social japonais ? Comment s’élabore-t-il ? Où se déploie-t-il ? Nous essaierons de l’aborder dans ses deux dimensions, en tant qu’espace public, d’une part, lieu de circulation des points de vue (Jürgen Habermas), et espaces publics, d’autre part, comme éléments propres au monde urbain caractérisé, en temps normal, par l’accessibilité (Isaac Joseph). Une attention particulière sera portée à la façon dont cet espace se trouve mis à l’épreuve dans les situations de crise (séisme du 11 mars 2011, crise sanitaire du Covid 19). Il s’agira notamment de saisir la façon dont la logique communautaire le court-circuite – ou non –, et d’examiner la pertinence de la notion de « symphonic communes » que met en avant la sociologie de Mita Munesuke afin de faire face à un monde désormais caractérisé par l’idée de finitude.  

Lieu :

Contacts :
gdelamotte [@] inalco.fr

Prérequis : Connaissances en sociologie et en anthropologie appréciées

La division sexuée du travail revisitée en Chine rurale aujourd’hui

→ L’article en ligne

Hou, Renyou. « La division sexuée du travail revisitée en Chine rurale aujourd’hui. (Re)valorisation de l’emploi féminin et subordination familiale persistante », Travail, genre et sociétés, vol. 44, no. 2, 2020, pp. 125-144.

Depuis les années 1980, la contribution grandissante des femmes chinoises aux activités productives de par la valorisation sociale et économique de la main d’œuvre féminin, ainsi que leur participation non négligeable aux activités sociales et communautaires pourraient donner l’impression, a priori, que l’idéologie confucéenne de la séparation des sexes dans la société chinoise, connue sous l’expression de « l’homme se charge des affaires extérieures, la femme des affaires intérieures » (nanzhuwainüzhunei), tendrait à s’atténuer. À partir d’une étude ethnographique réalisée au village de Zhang (province du Henan) entre 2013 et 2016, cet article démontre que la division sexuée du travail dans les activités productives et sociales reconfigure et redéfinit ce qui est « intérieur » et ce qui est « extérieur » dans un contexte migratoire important, mais dont la valeur d’homme-extérieur/femme-intérieur perdure et continue de réguler l’organisation de la vie des villageois·es.(source : Cairn)

Renyou Hou est postdoctorant de l’IFRAE.

Toutes les dates du 12e mois lunaire et du 1er mois lunaire sont des jours fastes

→ L’article en ligne

Renyou Hou, « « Toutes les dates du 12e mois lunaire et du 1er mois lunaire sont des jours fastes » », Temporalités [En ligne], 30 | 2019, mis en ligne le 23 juillet 2020

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Le mariage est l’un des rites les plus importants du cycle de vie dans la société chinoise. Le choix de la date des noces est rarement fait à la légère, au contraire, il est soigneusement effectué en suivant des processus spécifiques afin de trouver un jour considéré comme faste et propice. À partir d’une enquête ethnographique réalisée entre 2013 et 2016 au village de Zhang dans la province du Henan et dans une entreprise spécialisée en organisation de mariages – « Amour Éternel » Aijiujiu 爱久久 –, le présent article propose une analyse des temporalités du mariage en milieu rural contemporain en se focalisant sur l’étude de la saisonnalité du mariage et du choix de la date des noces. Concernant la saisonnalité du mariage, les habitants de Zhang doivent prendre en compte le calendrier des activités économiques non agricoles des travailleurs migrants et trouver un compromis avec la temporalité paysanne rythmée par les tâches agraires. Quant au choix de la date des noces, ils font systématiquement appel à l’almanach afin d’harmoniser la trajectoire de vie personnelle et l’ordre cosmologique. Cette étude démontre les modifications et les réajustements adoptés par les villageois pour faire face au changement du rythme de vie découlant des transformations sociales, économiques et politiques en Chine post-maoïste : ils cherchent à s’inscrire dans le processus de modernisation et d’urbanisation de la société chinoise tout en voulant respecter l’idéologie cosmologique dans l’organisation de la vie familiale et sociale. (source)

Renyou Hou est postdoctorant de l’IFRAE.

Le concept émergent entre des communautés. Le cas de Kuki Shûzô (1888-1941)

Le livre chez l’éditeur

Simon Ebersolt, « Le concept émergent entre des communautés. Le cas de Kuki Shûzô (1888-1941) », dans Alain Rocher (dir.), Regards russes et français sur les philosophies asiatiques, Bordeaux, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine (MSHA), 2020, p. 141-168.

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Groupe d’étude de philosophie japonaise

VISIOCONFÉRENCE

Dates : Samedi 27 juin 2020 – 13:00 – 15:30
Lieu : Zoom

13h00-13h30 suivie de discussion
Raphaël PIERRÈS (Université Paris I Panthéon-Sorbonne)
Titre : Pour une analyse comparatiste du problème de l’intériorité

14h00-14h15 Pause

14h15 – 14h45 suivie de discussion
KURODA Akinobu (Université de Strasbourg)
Titre : Une phénoménologie de l’ombre – Une lecture croisée d’Éloge de l’ombre et de L’OEil et l’esprit 

15h30 la fin de séance 

Les conférences seront tenues sur Zoom.
Inscription : Takako Saito

Résumé des interventions 

Raphaël Pierrès : Pour une analyse comparatiste du problème de l’intériorité

Nous partons du constat que les débats sur le caractère européen du sujet, très polarisés, semblent trop souvent réducteurs: il y a ou il n’y a pas de sujet hors de l’Occident, tout ou rien. Par contraste, mobiliser la notion d’intériorité permet d’introduire des nuances dans ces grandes oppositions. Nous désignons par intériorité un modèle de l’esprit comme espace intérieur, indissociable de pratiques historiquement et géographiquement situées. Or, il apparaît difficile de défendre l’idée qu’il n’y a rien de tel que l’intériorité au Japon, pas de pratiques intérieures, aucune présence du vocabulaire de l’intériorité dans les textes littéraires et théoriques 1 .
Toutefois, il ne suffit pas de se contenter du repérage de ce trait commun: il s’agit au contraire pour nous de le prendre pour base d’un travail philosophique de comparaison et de problématisation. Un premier enjeu de ce travail comparatiste tient ainsi à la tentative théorique d’une historicisation, qui ne soit pas une relativisation, des structures: car les structures, une fois constituées, ont une résistance, et tendent à orienter vers des formes qui ne sont pas arbitraires. Par cette enquête comparatiste, il s’agit de mettre à jour les contraintes qui orientent tel ou tel tracé du partage entre intériorité et extériorité.
Un second enjeu engage la problématisation du motif-même de l’intériorité. D’un côté, prendre au mot cette image conduit à des contradictions logiques, difficiles à surmonter, qui engagent le statut épistémologique de l’introspection: il y a de solides raisons de penser que le modèle de l’intériorité conduit à concevoir les idées comme privées –ce qui pose des difficultés en théorie de la signification2 –ou qu’appliquer à l’esprit la logique du lieu est une faute de grammaire, une erreur de catégorie3 .
Mais de l’autre côté, ne pas du tout prendre l’intériorité au pied de la lettre, la considérer simplement comme un mythe ou un faux problème tend à désincarner complètement l’image, à la couper de son socle historique, c’est-à-dire à en manquer l’effectivité pratique. Dès lors, faut-il renoncer à se figurer l’esprit en termes d’intériorité, pour privilégier, par exemple, une conception sociale de ce que nous désignons comme mental, ou bien faut-il maintenir un usage du réseau sémantique de l’intériorité afin de penser la situation du mental, et tout particulièrement, son incarnation?
C’est dans cette perspective qu’il nous faut désormais faire un pas de plus, et passer du repérage de similitudes à l’analyse de différentes manières dont l’intériorité a pu être problématisée, en particulier dans la philosophie japonaise. En ce sens, il nous apparaît tout spécialement remarquable que la réception de la philosophie européenne au début de l’ère Meiji ait donné lieu à des tentatives d’élaborer des phénoménologies dont le fondement ne soit pas l’égologie. Cet axe problématique (restreint pour cet exposé aux critiques phénoménologiques de l’intériorité4 ) nous permettra ainsi de jeter une lumière nouvelle sur les notions de 場所5 et de風土6 en tant qu’elles peuvent être mobilisées pour interroger la situation et l’incarnation du mental selon un autre mode que celui de l’intériorité.
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1. A l’exception notable de Karatani (1980).
2. Wittgenstein (1953). Voir aussi Bouveresse (1976) et Descombes (1995).
3. Ryle (1949).
4. Heidegger (1927). Voir aussi Patocka (1936), Merleau-Ponty (1945), Sartre (1936).
5. Nishida (1911, 1918).
6. Watsuji (1935).

KURODA Akinobu : Une phénoménologie de l’ombre – Une lecture croisée d’Éloge de l’ombre et de L’OEil et l’esprit

Si Merleau-Ponty avait lu Éloge de l’ombre de Tanizaki, il aurait pu ajouter le nom de l’écrivain japonais à côté de Balzac, Proust, Valéry et Cézanne qui partagent tous « la même volonté », selon le philosophe français, « de saisir le sens du monde ou de l’histoire à l’état naissant ». À partir de cette hypothèse inspirée par le concept de « texture de l’Être » (L’oeil et l’esprit) et celui de « profondeur de l’être » (Le visible et l’invisible), cette communication se propose de présenter une nouvelle lecture qui consiste en une approche phénoménologique de ce chef-d’oeuvre d’essai esthétique, « l’un des textes les plus séduisants qui aient été écrits sur l’esthétique traditionnelle japonaise1 ». Il s’agit d’une tentative d’y trouver autre chose qu’« un éloge funèbre » qui est né du « sentiment poignant qu’un certain monde s’effondrait, effondrement dont l’intrusion de l’Occident était, sinon l’unique responsable, du moins l’occasion2 » ou « ce que le culte moderniste de la lumière était en train de faire perdre à l’humanité3 ».
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1 Jean-Jacques Origas, « TANIZAKI JUN.ICHIRŌ (1886-1965) », © Encyclopædia Universalis France.
2 Jacqueline Pigeot, Éloge de l’ombre, notice, in OEuvres, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1997, p. 1888.
3 Max Milner, L’envers du visible. Essai sur l’ombre, Éditions du Seuil, 2005, p. 388.

Le bambou au Vietnam. Une approche anthropologique et historique

Le livre chez l’éditeur

Đinh Trọng Hiếu & Emmanuel Poisson, Le bambou au Vietnam.Une approche anthropologique et historique, Paris : Hémisphère-Maisonneuve et Larose nouvelles éditions, « Asie en perspective », 2020.

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