Centre d’études interdisciplinaires sur le bouddhisme

Carnet hypothèse du CEIB

Dans une conjoncture où l’enjeu des religions est reconnu à nouveau comme majeur pour saisir les bouleversements contemporains du monde, depuis mars 2017 la maison de la recherche de l’Inalco située rue de Lille accueille une toute nouvelle structure fédérale de recherche : le Centre d’études interdisciplinaires sur le bouddhisme (CEIB). Ce nouveau centre a vu le jour dans le cadre d’un projet commun de l’Inalco, de l’EPHE et du Collège de France. Le CEIB s’appuie sur l’expertise et le réseau constitués depuis des années par les collègues de ces trois grands établissements et d’autres institutions françaises, afin de mieux relever les défis scientifiques liés aux mutations religieuses et aux reconfigurations disciplinaires, tout en préservant et en promouvant l’héritage français de deux siècles d’études bouddhiques. Il vient en appui des diverses équipes de recherches françaises qui consacrent une partie de leurs recherches aux bouddhismes, et espère contribuer à renforcer leur collaboration.

Putuoshan, Chine, 2011. © Claire Vidal

Le projet de création du CEIB a été initié en juin 2015 par Catherine Despeux (Professeur émérite de l’Inalco), Jean-Noël Robert (Professeur au Collège de France), Anne Cheng (Professeur au Collège de France), Vincent Goossaert (Directeur d’études à l’EPHE), Sylvie Hureau (MCF à l’EPHE) et Ji Zhe (MCF à l’Inalco et membre de l’IUF).

L’objectif fixé dès le début a été de rassembler des ressources et des experts afin de :

1) soutenir les étudiants et les jeunes chercheurs, tant au niveau scientifique qu’au niveau administratif et financier ;

2) coordonner et financer des projets de recherche individuels ou collectifs ;

3) promouvoir l’interdisciplinarité de la recherche ;

4) renforcer les collaborations internationales et pérenniser un réseau international de chercheurs ;

5) favoriser l’intégration entre l’enseignement et la recherche ainsi que la diffusion des connaissances auprès des chercheurs, des étudiants et du public sensibilisé aux travaux académiques et non confessionnels sur le bouddhisme.

Avec le soutien de ces trois établissements cofondateurs, le CEIB a pris forme après plus d’un an de travail intensif de préparation. Il est actuellement rattaché à l’Equipe ASIEs (Inalco) et est financé par plusieurs fondations privées. Le 22 mars 2017, une cérémonie d’inauguration aura lieu rue de Lille ; elle sera suivie de la première conférence de la série « Lin Li-kouang distinguished lectures for Buddhist studies ». Nous accueillerons pour cette première le Professeur Stephen F. Teiser de l’Université de Princeton. Mais ce n’est là qu’un commencement : dans la semaine du 20 mars, se tiendront également trois autres conférences et un colloque international organisés ou soutenus par le CEIB ; la revue Bouddhisme et Chine moderne (佛教与现代中国, publiée en Chine) en partenariat avec l’Université du Peuple de Pékin sera lancé dans l’année; l’appel à candidatures pour des bourses doctorales et postdoctorales ne tardera pas à être lancé et ceci avant la fin du semestre.

Estampe d’une inscription bouddhique du 6e siècle. © Ji Zhe

Ces démarches, et encore d’autres à l’avenir, devront permettre au CEIB de se joindre aux dynamiques d’études bouddhiques à l’échelle mondiale. Depuis la fin du 20e siècle, l’intérêt universitaire pour le bouddhisme s’est considérablement accru. En Amérique du Nord comme en Europe, les centres de recherche dédiés à cette religion se sont multipliés : d’abord Columbia (en 1988), Stanford (en 1997), puis UCLA (en 2000), UC Berkeley (en 2004), Oxford (en 2004), Gent (en 2007) et Hambourg (en 2007) … sans parler des dizaines de centres dans les universités asiatiques, en Chine, au Japon et en Corée. Dans ce contexte, le CEIB, en tant que premier centre universitaire français entièrement consacré aux études bouddhiques, se propose de servir de moteur pour renforcer et valoriser la recherche française sur le bouddhisme, par son ouverture internationale aux approches de tous les horizons. L’entreprise est ambitieuse, mais elle ne peut se réaliser que par des efforts concrets et continus. Comme Changsha Jingcen, maître Chan chinois du 9e siècle, nous l’enseigne : même si l’on est « au bout de la perche de cent pieds », il faut toujours « faire un pas de plus ».