Simon Ebersolt, « Le concept émergent entre des communautés. Le cas de Kuki Shûzô (1888-1941) », dans Alain Rocher (dir.), Regards russes et français sur les philosophies asiatiques, Bordeaux, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine (MSHA), 2020, p. 141-168.
C’est au milieu des années 2000 qu’un petit groupe d’orientalistes russes et français (rattachés, pour les premiers, à l’Académie des sciences, à l’Institut d’études orientales, à l’Université Druzby narodov, à la MGU et à la Vysssaja Skola ekonomiki, et pour les seconds, à l’EPHE, à l’Université de Bordeaux et, plus tard, à l’Université de Nanterre) a mis sur pied un programme de recherches consacré aux traditions philosophiques de l’Inde, de la Chine et du Japon. Dès le stade des premières esquisses, les concepteurs du projet se sont assigné un double objectif : un premier axe, de nature historiographique, visait à retracer la généalogie des interactions entre les orientalismes russe et français et à réactiver leurs promesses pour compenser le « tropisme anglo-saxon » de l’orientalisme contemporain ; le second, plus techniquement philosophique, se réservait l’exploration des régimes notionnels propres aux systèmes de pensée asiatiques.
Le volet historique ayant donné lieu à deux colloques moscovites (en 2010 et en 2014), l’équipe française a proposé de consacrer au deuxième volet une rencontre-retour qui a été intégrée dans le colloque philosophique franco-russe organisé par la professeure Maryse Dennes à l’Université de Bordeaux en 2016. Dans le souci d’éviter le piège des questions rhétoriques (Peut-on parler de philosophie en Asie ?, etc.) et leur litanie de fausses réponses, il a été décidé d’orienter le principe de « modestie cognitive » invoqué par M. Stepaniants, (et le « pensiero debole » cher à Gianni Vattimo) vers l’analyse précise du « travail des notions » au sein de traditions et d’ensembles textuels bien définis. Les aires culturelles initialement convoquées n’ont pu être toutes représentées, et certains spécialistes, accablés de charges académiques, se sont excusés. La petite sélection d’études franco-russes que nous présentons ici sur le jeu des catégories dans les pensées de l’Inde, de la Chine et du Japon, n’illustre donc que le stade inchoatif d’un projet que nous espérons poursuivre : nous croyons pourtant qu’elle permet d’ores et déjà de corriger l’image de l’Asie comme simple pourvoyeuse de « recettes de sagesse ». (source : Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine)
Simon Ebersolt est postdoctorant de l’IFRAE, co-responsable du Groupe d’étude de philosophie japonaise d’étude.
Sa thèse, soutenue en 2017, a été récompensée de plusieurs prix : le prix Shubusawa Claudel, le prix de thèse Okamatsu, et le prix Richelieu en lettres et sciences humaines de la Chancellerie des Universités Paris Cité.