La démocratie au Japon, singulière et universelle

Guibourg Delamotte, “La démocratie au Japon, singulière et universelle”. ENS Editions, Paris, 2022, 340p.

La démocratie japonaise est-elle née en 1945, est-elle le fruit d’une greffe démocratique réalisée par les Américains ? Sans doute en partie. Mais le présent ouvrage s’attache à démonter ces idées reçues pour montrer que si la démocratie s’est enracinée au Japon à partir de 1947, c’est parce qu’il n’était pas sans expérience du débat politique et du jeu électoral. Sa monarchie constitutionnelle avait non seulement préparé le terrain, mais aussi légué au Japon un héritage et des habitudes politiques qu’il a longtemps conservés. Le cadre institutionnel de la démocratie japonaise se transforme néanmoins depuis les années 1990. Comme le montre ce travail de recherche, le modèle hybride créé par les Américains en 1947, associant des caractéristiques anglaises et américaines, se présidentialise. Il s’agit, enfin, d’un système politique qui, malgré ses imperfections et la crise de représentation qu’il traverse, sait se remettre en question et se réformer. Peut-être y a t-il des enseignements à en tirer pour la France ? (source : ENS Editions)

Groupe d’étude de philosophie japonaise

Dates : Samedi 28 mai 2022 – 14:00 – 16:45
Lieu : En ligne

14h – 14h45 suivie de discussion d’une demie heure
Frédéric GIRARD (EFEO)
« Expérience pure de NISHIDA et expérience directe de MOTORA :
la structure double de la psychè héritée de la Talité du Traité sur l’acte de foi dans le Grand Véhicule. »

15h20 – 16h05 suivie de discussion d’une demie heure
Raphaël PIERRES (Université Paris I Panthéon-Sorbonne )
« Décentrer la première personne : WATSUJI Tetsurô, ÔMORI Shôzô et SAKABE Megumi ».

16H40 : la fin de séance


Pour le lien Zoom, prière de contacter : takako.saito@inalco.fr à partir du 24 mai 2022
contact courriel : takako.saito@inalco.frakinobukuroda@gmail.comarthur.mitteau@univ-amu.frsimon.ebersolt@gmail.com

Résumé de Frédéric GIRARD 
     L’Etude sur le bien (1911) de Nishida Kitarō (1870-1945) met en avant le concept d’expérience pure ou immédiate (junsui keiken, chokusetu keiken 純粋経験, 直接経験). C’est autour de cette notion qu’il a eu, jeune lycéen, le sentiment de l’avoir perçue comme en rêve en se promenant dans les rues de Kanazawa, qu’il a bâti sa philosophie. Les choses sont unifiées par un seul principe, une seule activité. Nishida ne peut s’empêcher d’affirmer qu’ils sont l’esprit, conçu comme universel et non pas individuel, la conscience de soi unifiée, la volonté, l’action, le Tathandlung de Fichte (1762-1814), et l’intuition intellectuelle. Et, pour lui, la plus grande unité qui unifie le réel est Dieu, la réalité unique qui est présente au cœur de tous les êtres naturels.
     C’est à partir de son expérience de la méditation que Nishida a forgé sa conception de l’expérience pure : « L’expérience pure désigne l’expérience avant que n’apparaissent des oppositions du genre, choses et pensée, ego et autrui, autrement dit elle désigne les données immédiates dans lesquelles il n’y a ni personne connaissante ni chose objet de la connaissance. Ces distinctions entre choses et pensée, ego et autrui, sont considérées comme naissant de rapports au sein de cette expérience. Il va de soi que, ainsi envisagée, l’expérience pure, par définition, précède tout ce qui peut être constitué par les formes du temps, de l’espace et de la causalité; c’est une expérience qui précède la pensée. Qu’est-elle donc? Selon les auteurs, on a plusieurs réponses. Mach y voit une chose sensitive, mais pour Bergson elle est, peut-on dire, un flux infini qu’on ne peut diviser, elle est la durée pure, ce qui est sensitif étant au contraire le produit de la pensée réflexive. » 1. On peut noter que Nishida ne mentionne pas le nom de William James dans cet article de dictionnaire !
     Olivier Lacombe a écrit à propos de l’expérience pure dans le bouddhisme indien de l’école du Milieu, concept qu’il utilise sans avoir connu semble-t-il son utilisation chez Nishida : « Ces dialecticiens – nous pensons en particulier à l’école bouddhique du Milieu – se servent de la dialectique non pour établir une doctrine explicative, mais pour faire table rase, afin que l’Expérience ineffable et irreprésentable jaillisse en toute sa pureté. On utilise la dialectique moins pour connaître que pour jeter bas les superstructures secrétées par la vie empirique et qui offusquent la présence immédiate de l’esprit à lui-même. Il s’agit de décaper l’esprit et de le ramener à sa réalité nue, en sorte que l’Expérience surgisse absolument pure » 2. Il y fait de façon explicite allusion afin d’illustrer sa logique du lieu, dans son dernier écrit, La logique du lieu et et la vision religieuse du monde, Bashoteki ronri to shūkyōteki sekaikan 場所的論理と宗教的世界観, avril 1945.
     Il est une source plus que probable de cette expérience pure. Nous avons remarqué que, dans son journal, Nishida a accordé une importance primordiale au Traité sur l’acte de foi dans le Grand Véhicule, Dacheng qixinlun 大乗起信論, ce traité apocryphe chinois du VIe siècle qui a tant influencé la philosophie bouddhique chinoise, coréenne et japonaise par la suite. Ce traité lui a permis de mettre en évidence la vérité authentique qu’il recherchait et qu’il a trouvée et qu’il veut illustrer en termes philosophiques et scientifiques actuels.

     Or, il est notable que l’un des professeurs de Nishida depuis septembre 1891, Motora Yūjirō 元良勇次郎 (1858-1912) 3, a rédigé un article touchant notre question, « An Essay on Eastern Philosophy, The idea of ego in oriental philosophy », traduit en français, « Essai sur la philosophie orientale, L’idée de moi dans la philosophie orientale », au Congrès international de psychologie, tenu à Rome du 16 au 30 avril 1905. L’article fait état de l’« expérience directe » en rapport avec l’expérience du Zen. Il l’explicite à l’aide de la doctrine du shinnyo 真如, qui se situe à deux niveaux : « Le Shinnyo, connu par une expérience directe… est la réalité même. Il n’est pas un être personnel, comme le Dieu du christianisme, mais est l’éternelle et immuable existence. » Sans le nommer Motora se réfère au Traité sur l’acte de foi dans le Grand Véhicule qui précisément est connu pour développer la Talité sur deux plans, l’un inconditionné, l’autre conditionné, qui semblent s’opposer aux yeux de l’intelligence conceptuelle mais sont unis dans l’expérience. Motora envisage le dépassement du paradoxe et du dédoublement comme une question aussi vieille que la philosophie même, celle du dépassement du « moi » ou du « soi » par la conscience ou par la volonté, cette dernière étant celle des stoïciens, de Kant et celle à laquelle tend le Zen. Le Zen réduit la connaissance à un aspect de l’activité, et le bouddhisme tient que sous l’angle de l’objectivité du système conceptuel, le dédoublement mental, l’autoréalisation et l’unification grâce à la volonté, relèvent d’un élément immuable, qui ignore le changement, que l’on est contraint de poser afin de comprendre d’où provient ce qui change. C’est cet élément qui est qualifié de Talité, Shinnyo, que Motora traduit par « la réalité en soi », « le fait réel », par opposition au « fait illusoire » qu’est la « représentation » et qui correspond à ce qu’il appelle la « potentialité psychique ». Or, on sait que Nishida a rédigé son « Chapitre partiel d’ouvrage sur l’expérience pure », Junsui keiken ni kansuru danshō 純粋経験に関する断章, au mois d’octobre 1905 4, soit immédiatement après la publication de l’opuscule de Motora. En outre il publiera dans la Revue de philosophie (Tetsugaku zasshi) au mois d’août 1908 un article intitulé « Expérience pure, réflexion, volonté et intuition intellectuelle », qui reprend mot pour mot une partie de son Etude sur le bien, avant de publier un nouvel article dans la même revue, au mois de février 1910, intitulé « Rapports et relations mutuels dans l’expérience pure », objet d’une conférence trois mois auparavant 5. On peut considérer que le point de départ méthodologique de Nishida caractérisé par l’« expérience pure » est dans ses spécificités en lien direct avec les positions de son professeur de psychologie Motora, soit qu’il en ait hérité à travers son enseignement soit qu’il en ait eu connaissance par cet opuscule de 1905. N’est-ce pas cette Talité que Nishida qualifie de « réalité » ou « vraie réalité », jitsuzai 実在, depuis l’époque d’Etude sur le bien ?


Résumé de Raphaël PIERRES
     Décentrer la première personne : Watsuji Tetsurô, Ômori Shôzô et Megumi Sakabe
     Dans le fil d’une enquête que nous avons engagée sur le statut de l’intériorité, en particulier chez Nishida Kitarô (2017-2020), puis sur la notion de 心 (2021-2022), nous proposons ici une interrogation générale autour du décentrement de la première personne que nous observons dans les textes philosophiques écrits en japonais. Au croisement de considérations linguistiques, culturelles et conceptuelles, il en va du statut de l’ego vis-à-vis de l’altérité.
Cette étude est une manière pour nous de problématiser sous un angle nouveau l’universalité et l’évidence du « Je pense ». Que devient ce « je pense » dans une langue où le sujet n’a pas valeur de condition indispensable, mais presque de complément circonstanciel ?
     Le travail désormais classique de Watsuji Tetsurô nous offrira un point d’entrée dans cette question en nous amenant à prendre conscience des circonstances dans lesquelles la personne se construit et s’inscrit, dans une double dimension, médiale et intersubjective. Nous analyserons alors la tentative d’Ômori Shôzô de constituer une ontologie moniste en proposant une critique réaliste (au sens épistémologique) de la distinction entre la chose et sa représentation, entre l’objet et le sujet : il en va du point où la grammaire se noue à l’ontologie. Le travail de Sakabe Megumi nous permettra enfin de faire la synthèse de ces différents aspects en proposant à la fois une critique de la notion de sujet, et une compréhension nouvelle de la notion de personne.
     Ainsi, prendre au sérieux l’inscription de la première personne dans le langage (sans toutefois l’y réduire) nous conduira à explorer les intersections entre les champs linguistiques, métaphysiques, épistémologiques, éthiques et esthétiques. Il faudra enfin en tirer les leçons. Si nous faisons porter l’accent sur la manière dont la constitution de la première personne est située, si ce sont finalement les autres personnes qui en sont la condition et lui donnent sa pleine signification : la première personne n’est-elle jamais que seconde ?

1. Article junsui keiken, Pure experience, Reine Erfahrung, dans le Dictionnaire de philosophie de Iwanami, p.480.
2. Voir Olivier Lacombe, « L’expérience mystique », 1963, in Indianité, Paris 1979, pp.199-200 (Expérience pure par décapage de l’esprit selon le Madhyāmika; par arrêt des fabrications mentales selon le Yoga; la connaissance née de l’union de l’Expérience pure et de l’imagination transcendantale chez Diṅnāga et Śankara; la “connaissance générale chez le P. Surin (XVIIe siècle). Sur cette notion, voir la doctrine du “pancalisme” de T.Mark Baldwin (1861-1934)(Genetic Logic et Genetic theory of reality; voir Emile Bréhier, Histoire de la philosophie, T.II-4, p.995).
3. NKZ, XIX, p. 744. Professeur à l’université impériale de Tokyo. Nishida donne des cours de psychology à partir de juillet 1899 au Lycée, Idem, p. 746. Il revoit son professeur en avril 1907, Idem, p. 749.
4. NKZ, XIX, p. 748.
5. NKZ, XIX, p. 750.

Films en miroir. Quarante ans de cinéma au Japon (1980-2020)

鏡の映画たち:日本映画の40年(1980年〜2020年)Films in the Mirror: Forty Years of Cinema in Japan (1980-2020)

« Films en miroir. Quarante ans de cinéma au Japon (1980-2020) ». Ebisu. Études japonaises, coordonnée par Mathier Capel, n° 59, 2022, URL: https://doi.org/10.4000/ebisu.6593

Retrouvez la revue en ligne : OpenEdition

Autour de 1980, le paysage cinématographique a achevé une mue débutée vingt ans plus tôt : le système des studios qui le structurait s’est effondré, laissant place à de nouveaux acteurs, de nouveaux agencements. Les cinéastes de la période sont toutefois victimes d’un étrange paradoxe. Contemporains des outils vidéo et numériques, des bases de données et d’Internet, leurs films jouissent a priori d’une visibilité sans précédent. Or, leur appréhension hors du Japon semble toujours aussi fragmentaire, peinant à en comprendre logiques et enjeux. Ce numéro se propose de repenser les quarante dernières années du cinéma japonais, en deux parties : la première aborde les modalités de la production, de la distribution et de la création, ainsi que leurs évolutions au cours de cette ère « post-studios » ; la seconde se penche sur une figure incontournable de la critique, Hasumi Shiguéhiko. (Source : OpenEdition, Ebisu)


Current situation and future challenges of diversity and inclusion in Japan

Nous avons le plaisir de vous annoncer la prochaine manifestation du cycle de conférences 2021-2022 organisé par l’Axe travail de l’équipe Populations Japonaises (CRCAO-IFRAE). Celle-ci aura lieu en ligne le mardi 10 Mai 2022 de 10h à 12h (heure de Paris). Nous recevrons à cette occasion Shiho FUTAGAMI, Professeur de à l’Université Nationale de Yokohama. Elle donnera une conférence en anglais intitulée : Current situation and…Continue reading Current situation and future challenges of diversity and inclusion in Japan

Nous avons le plaisir de vous annoncer la prochaine manifestation du cycle de conférences 2021-2022 organisé par l’Axe travail de l’équipe Populations Japonaises (CRCAO-IFRAE)
Celle-ci aura lieu en ligne le mardi 10 Mai 2022 de 10h à 12h (heure de Paris).

Nous recevrons à cette occasion Shiho FUTAGAMI, Professeur de à l’Université Nationale de Yokohama
Elle donnera une conférence en anglais intitulée : Current situation and future challenges of diversity and inclusion in Japan.

Site internet du groupe de recherche : https://popjap.hypotheses.org/2074

Pour participer, vous pouvez vous inscrire en cliquant sur le lien Zoom suivant : https://u-paris.zoom.us/meeting/register/tZIuc-iqrTkrHtGepNTU-PdISPuJ4eKRz4c5

Photo by Helena Lopes from Pexels

Abstract : The study discusses current situation and future challenges of diversity and inclusion in Japan. Diversity represents all the ways people are unlike and alike; differences and similarities in age, gender, race, religion, ethnicity, sexual orientation, capabilities, and socioeconomic background. Gardenswartz and Rowe (2003) develop the concept of diversity and identify a ‘diversity wheel’. It includes dimensions that exist as internal, external and organizational layers around personality. Shore et al. (2011) define inclusion as the degree to which an employee perceives that he or she is an esteemed member of the work group through experiencing treatment that satisfies his or her needs for belongingness and uniqueness.

First, the study focuses on female researchers in Japan from the perspective of diversity and inclusion. The ratio of female researchers in Japan, at 16.9%, is the lowest among OECD countries and the ratio of female professors, at 17.8%, is also very low. Based on the analysis of the data obtained through the survey, the study discusses the reasons for the low ratio of female researchers and the low ratio of female researchers in leading positions in Japanese academia. It then considers what remedial action should be taken to improve the situation. The study suggests that academia should be able to introduce more creative perspectives, increase flexibility, and achieve inclusive growth leading to more sustainable development by promoting female researcher advancement from the perspective of diversity and inclusion.

Second, the study focuses on employment of people with disabilities in Japan from the perspective of diversity and inclusion. The number of people with disabilities in Japan is 9,635,000, which is 7.6% of the population. However, the number of people with disabilities in regular employment who are working in regular firms in Japan is only 597,786 in 2021, which means that their actual employment rate is 2.2 %. The number with physical disabilities in regular employment is 359,067.5, the number of with intellectual disabilities is 140,665 and the number with mental disabilities is 98,053.5. As such, only 47.0 % of regular firms in Japan attained the 2.3 % disabled employment quota required by law in 2021. Therefore, the employment challenges of the disabled are very severe, even though a quota system for the employment of people with disabilities exists in Japan.

Finally, current situation and future challenges of diversity and inclusion in Japan are examined and considered. To conclude, best practices of the collaboration among companies, university and government are suggested in order to actualize diversity and inclusion in Japan.

Dr. Shiho Futagami is a Professor at the Graduate School of International Social Sciences of Yokohama National University. She holds the degree of Doctor of Economics from Kyoto University. She is a Member of Science Council of Japan. She has been a visiting Professor at the University of Zurich, the International Labour Organization (ILO), Wissenschaftliche Hochschule für Unternehmensführung (WHU), Bordeaux École de Management (BEM) and the Kedge Business School. Her research topics include strategic human resource management, diversity management, disability management, career development and women in management. Prof. Dr. Futagami has had many books and articles published in Japan, the United States and Europe.

Mapping China under Japanese Occupation: Spatial Configurations of State Power during Wartime, 1937–45

Baillargeon, D., & Taylor, J.E. (Eds.). (2022). Spatial Histories of Occupation: Colonialism, Conquest and Foreign Control in Asia. London: BloomSerfass, D. (2022). Mapping China under Japanese Occupation: Spatial Configurations of State Power during Wartime, 1937–45. In D. Baillargeon & J.E. Taylor (Eds.). Spatial Histories of Occupation: Colonialism, Conquest and Foreign Control in Asia (pp. 119–142). London: Bloomsbury Academic. Retrieved March 11, 2022, from http://dx.doi.org/10.5040/9781350257023.ch-005

L’article en ligne / Bloomsbury collections

“The Second Sino-Japanese War (1937–45) had a tremendous impact on the spatial configuration of state power in China, whether by forcing the transfer by China’s Nationalist government of its capital from Nanjing to Chongqing or in the creation by Japan of a new state apparatus in occupied areas of China. In the meantime, China’s landscape underwent profound changes, from the massive Yellow River flood of 1938 to the transformation of the border regions as a result of the moving of the government administration westwards, followed by the movement of millions of refugees. In the same way, the size and configuration of China’s territory had a significant influence on how the Japanese ‘occupation state’ took shape, and this process affected, in turn, the way in which China’s political landscape was perceived. The occupation forces were gradually organized according to different areas, with each of them sponsoring local pro-Japanese governments. This political configuration of the occupation state was then justified by China’s spatial configuration through a rhetoric that rationalized China’s political disunity as a consequence of its geography.[2]

In keeping with the themes of this volume, this chapter seeks to explore how the Japanese occupation of China resulted in not just actual changes to the landscape of China itself, but also to new ways of administering, imagining and mapping occupied China. Drawing on both Japanese and Chinese archival sources from the occupation period, as well as the literature on ‘mapping’ in wartime Asia, I will show how the Japanese occupation did not lead to a monolithic view of what a wartime and postwar China would look like spatially, but to competing ‘maps’ of 120China that reflected different visions. The chapter makes the case that our understanding of the occupation state can benefit if we take into account the spatiality of state power and the ways in which conflicting political strategies translated into different topographies of the state apparatus. After a preliminary discussion of the occupation state, this chapter focuses on three stages in the remapping of China under Japanese occupation. The first part presents a late 1938 Japanese memorandum promoting the ‘Confederate States of China’, which includes an allegorical sketch of China as a potato plant. The second section addresses the spatial aspect of ‘huandu’ (‘return to/of the capital’) – this being one of the main slogans of the collaborationist regime led by Wang Jingwei. It shows that the location of the capital was not only an issue regarding the fierce competition between Beijing and Nanjing, but also between major cities in each province to become the seat of respective provincial governments under occupation. The third part examines the circumstances in which the collaborationist reorganized national government (RNG) decided to create a brand new province in China – Huaihai Province – as part of a larger plan aimed at redrawing China’s administrative map in order to reduce the size of China’s provinces […] (source : Bloomsbury collections)

David Serfass est maître de conférences à l’Inalco, département des études chinoises

Terrains japonais 現場からの日本

Première rencontre de l’Association interdisciplinaire des Ethnographies japonaises, une coorganisation IFRAE et CRCAO
フランスの日本エスのグラフィー研究会

Dates : Jeudi 24 mars 2022 – 09:45 – Vendredi 25 mars 2022 – 14:00
Lieu : Multisite : université Paris Cité & Inalco

Matsuri du sanctuaire Hashirimizu dans le département de Kanagawa.
Les personnes souhaitant assister aux journées en ligne peuvent contacter les organisateurs pour obtenir le lien Zoom :
jean-michel.butel[at]inalco.fr
cesar.castellvi[at]u-paris.fr
anne-lise.mithou[at]u-paris.fr)

La pratique ethnographique constitue, au-delà des disciplines et des objets, une approche efficace et spécifique. L’Association interdisciplinaire des ethnographies japonaises se veut un espace d’échange pour les chercheurs en études japonaises usant d’une pratique de terrain dans le cadre de leur recherche. Ses Rencontres veulent permettre d’effectuer un état des lieux de résultats d’enquête récents et de projets à venir ; d’initier des collaborations nouvelles ; d’ouvrir une fenêtre aux étudiants intéressés par l’ethnographie appliquée au Japon ; d’approfondir enfin des questionnements sur la méthode ethnographique et partager des « trucs de terrain ».
Ces deux journées sont ouvertes à tous ceux pour qui, étudiants, jeunes chercheurs ou vétérans, l’ethnographie joue un rôle central dans la collecte de données.

Organisation : Jean-Michel Butel, César Castellvi et Anne-Lise Mithout

Soutiens institutionnels : Institut Français de Recherches sur l’Asie de l’Est, CRCAO, Conseil scientifique de l’Inalco, GIS Asie.

PROGRAMME

Jeudi 24 mars 2022
Université Paris Cité, bâtiment Grands Moulins salle 481C

9h15 : Café d’accueil
9h45 : Mot d’introduction

10h00 – 12h00
Panel 1 : L’ethnographie dans les études sur la ville et la jeunesse
Discutant : César Castellvi
Regards sur l’hygiène urbaine dans un contexte de covid-19
Tokumitsu Naoko, Inalco
Football, culture itinérante et « re-symbolisation » : récit d’une observation participante parmi les supporters du Vissel Kobe
Yosri Razgui, Université de Kobe
Recueil d’un corpus d’interactions spontanées au Japon : démarche méthodologique
Chiara Manno, Université Paris Nanterre
La langue en question: Problématiques et enjeux d’une enquête de terrain au Lycée Français International de Tôkyô
Sonia Silva, Université métropolitaine de Tokyo

PAUSE
14h00 – 16h00
Panel 2 : L’ethnographie dans les études de genre
Discutante : Anne-Lise Mithout
Mener des entretiens avec des écoliers sur les questions de genre
Aline Henninger, Université d’Orléans
Methodological Challenges of Doing a Critical Ethnography in Japan During the Precarious Time of Pandemic
Jelena Košinaga, University of Szeged
Un travail de scène ou un travail du sexe ? Présentation d’une enquête de terrain fragmentée réalisée à Tôkyô entre 2018 et 2020
Pierre-Jean Colas, Université Paris Cité
Rémunérer ou ne pas rémunérer la personne enquétée ? Reflexions a partir d”une enquête auprès des travailleur·se·s du sexe au Japon
Kanae Sarugasawa, Aix-Marseille Université
16h20-17h20  
Panel 3 : L’ethnographie aux carrefours des disciplines
Discutant : Jean-Michel Butel
Observer son terrain sous toutes ses coutures. Quand histoire, archéologie, sociologie et anthropologie se croisent
Myriam Akian, Université Paris Cité
Et si l’objet reprenait du terrain ?
Alice Berthon, Université Grenoble-Alpe

PAUSE
18h00 – 20h00 
Projection du film documentaire Prix du jury 2021 au Festival du film documentaire Fenêtres sur le Japon – Auditorium de l’Inalco

空に聞くListening to the air, film documentaire de KOMORI Haruka, 2018, 73 minutes

A la suite de la projection le débat sera animé par Dimitri Ianni, co-organisateur du festival Fenêtres sur le Japon.

Vendredi 25 mars 2022 
Université Paris Cité, bâtiment Grands Moulins salle 481C

10h00 – 11h30
Panel 4 : L’ethnographie dans les études locales
Discutante : Charlotte Lamotte
Réappropriation du savoir ethnographique au Japon — Cas de la fête d”okonai dans le village de Nagoshi (département de Shiga)
Frédéric Lesigne, Université de Strasbourg
Conflits d”histoire locale : les agents de la création des monographies
Jean-Michel Butel, Inalco
Réflexions sur les microbes et rites de commémoration pour leurs âmes célebrés par des scientifiques Japonais (1980-2015)
Mary Picone, EHESS

PAUSE
13h00 – 14h30
L’ethnographie comme méthodologie sur le terrain japonais : débat autour des publications récentes
Avec Naoko Tokumitsu (Les yeux de la ville — Vigilance et lien social. France-Japon, analyses croisées, Maisonneuve & Larose, 2021) et César Castellvi (Le dernier empire de la presse — Une sociologie du journalisme au Japon, CNRS éditions, 2022).
Animé par Jean-Michel Butel
14h30-15h00
 Discussion générale : l’Association interdisciplinaire des ethnographies japonaises — présentation des réalisations et projets
Animée par César Castellvi

Eugénisme dans le Japon moderne et contemporain – Cipango n°24

Source : Open Edition

Ce numéro vise à restituer une contextualisation historique indispensable à la compréhension des politiques eugénistes au Japon. L’étude de la science coloniale à l’université impériale de Keijō, la montée au pouvoir des eugénistes prônant le développement social, la logique d’exclusion des lépreux et des personnes handicapées au nom de la « purification raciale » ou encore les luttes contre ce régime qui naquirent au sein de mouvements de personnes handicapées sont autant d’éléments qui ont transformé le système éducatif japonais en un acteur puissant de ces politiques eugénistes nationales.

Notes de la rédaction

Ce numéro a été réalisé avec Métopes, méthodes et outils pour l’édition structurée XML-TEI développés par le pôle Document numérique de la MRSH de Caen.

Isabelle Konuma
Éditorial [Texte intégral]


Dossier

Ishizaki Manabu
Les mesures d’isolement des lépreux au Japon [Texte intégral]
Leprosy isolation policies in Japan

Saishu Satoru
L’Homme et l’affaire Sagamihara [Texte intégral]
Man and the Sagamihara stabbings

Arnaud Nanta
Les études en anthropologie raciale en Corée colonisée : la défense des « origines communes nippo-coréennes » contre l’autochtonisme et le courant eugéniste (1916‑1940) [Texte intégral]
Racial Anthropology in Colonial Korea: “Japanese-Korean Common Origins” vs Nativism and Eugenics (1916‑1940)

Homei Aya
Le développement historique du discours sur la qualité de la population au Japon [Texte intégral]
The Historical Development of the Discourse on Population Quality in Japan

Anne-Lise Mithout
Aoi shiba no kai : Un mouvement de personnes handicapées face à l’eugénisme [Texte intégral]
Aoi shiba no kai: a group of disabled people fighting eugenics

Christian Galan
Eugénisme et éducation dans le Japon d’après-guerre [Texte intégral]
Eugenics and education in postwar Japan


Varia

Makiko Andro-Ueda
Sous la plume des mineurs : Sākuru-mura [Texte intégral]
Under miners’ pen: Sâkuru-mura

Alexandre Roy
Les fondations régionales de la Révolution industrielle japonaise : la première ouverture internationale du port charbonnier de Moji (1885‑1886) [Texte intégral]
The regional foundations of Japan’s Industrial Revolution: The opening of the Moji coal port (1885‑1886)

Éric Seizelet
La question de la conscription au Japon après l’adoption des nouvelles lois japonaises sur la sécurité nationale : propos sur un fantasme récurrent [Texte intégral]
Military service in Japan after the adoption of the new laws on national security: considerations on a recurrent fantasy


Notes de lecture

Carina Roth
Bouchy Anne (dir.), 2013, Le vivre ensemble à Sasaguri, une commune de Kyūshū. Dans l’entrelacs des dynamiques du dedans et du dehors – Études d’ethnologie du JaponCahiers d’Extrême-Asie 22, EFEO, Kyōto, 650 p. [Texte intégral]

Éric Seizelet
Uranaka Chikao, 2013, Police et contrôle social au Japon, L’Harmattan, Paris, 447 p. [Texte intégral]

Éric Seizelet
Bouissou Jean-Marie, 2014, Géopolitique du Japon. Une île face au monde, coll. « Major », PUF, Paris, 208 p. [Texte intégral]

Éric Seizelet
Souyri Pierre-François, 2016, Moderne sans être occidental. Aux origines du Japon d’aujourd’hui, Gallimard, Paris, 490 p. [Texte intégral]


Mémoires et thèses

Gauvrit Christelle, La société japonaise face au phénomène des burakku kigyô [Texte intégral]
Mémoire de M2, sous la direction de Bernard Thomann, Inalco, 2016, 138 p.

Gautier Pierre, Une image de la femme dans l’art japonais au XXème siècle : L’impossible Neutralité, Yamamoto Kanae, Onchi Kōshirō & Araki Nobuyoshi [Texte intégral]
Mémoire de M2, sous la direction de Mme Annie Claustres, Maître de conférences Habilité à diriger des recherches, Histoire et Théorie de l’Art Contemporain, Université Lumière – Lyon 2, Soutenu le lundi 5 septembre 2016, 236 p. (texte : 167 ; annexes : 69)

Stegmüller Emilie, L’agriculture biologique au Japon, un modèle d’innovation sociale [Texte intégral]
Mémoire de M2, sous la direction de Pierre‑François Souyri soutenu en juin 2017 à l’université de Genève.

Henninger Aline, La socialisation de genre à l’école élémentaire dans le Japon contemporain [Texte intégral]
Thèse de doctorat, sous la direction de Christian Galan (Université Toulouse Jean Jaurès) et d’Annie Benveniste (Université Paris 8), 2016, 549 p.

Grivaud Arnaud, La réorganisation du pouvoir politique au Japon : la haute fonction publique dans le système politique japonais des années 1990 à nos jours [Texte intégral]
Thèse de doctorat, sous la direction de Éric Seizelet, Paris Diderot, 2016, 560 p.

Leman Bérénice, Écoles hors de l’école au Japon : le rôle des shingaku juku dans le parcours scolaire des élèves [Texte intégral]
Thèse de doctorat, sous la direction de Christian Galan, Inalco, 2016, 409 p.

Sastre Grégoire, Le phénomène des agents d’influence japonais en Asie (1880-1915) [Texte intégral]
Thèse de doctorat sous la direction de Éric Seizelet, Université Paris‑Diderot, 2016

Occupy Tôkyô. SEALDs, le mouvement oublié

→ Le livre chez l’éditeur

La jeunesse japonaise, comme partout ailleurs, cherche à construire son avenir malgré les crises qui secouent son univers dont la dernière est la triple catastrophe de Fukushima. Souvent considérée comme davantage tournée vers une vie personnelle voire hédoniste, elle a surpris les médias lorsqu’un mouvement d’étudiants a pris la parole pour critiquer les projets de loi sur la sécurité et les Forces d’auto-défense du gouvernement Abe. Le mouvement dit des SEALDs s’est formé en décalage temporel par rapport aux mouvements Des Indignés ou de Occupy Wall street, mais on y retrouve des préoccupations semblables.

Saisir l’expérience des SEALDs à partir de la philosophie de John Dewey permet de mettre une nouvelle fois en avant les dangers que la technologie numérique fait subir aux individus, au collectif et à leurs valeurs.

Bref, comment en vient-on à la politique dans une société qui n’a eu de cesse de dépolitiser sa population ? (source : Le Bord de l’Eau)

Anne Gonon est professeure à l’université Doshisha en sciences sociales. Son travail se situe à l’interface des questions sociales et éthiques, avec un intérêt particulier pour les questions de genre et de catastrophe dans le Japon contemporain.

Christian Galan est professeur à l’université Toulouse-Jean Jaurès et chercheur à l’Institut Français de Recherche sur l’Asie de l’Est (Inalco/université Paris Cité/CNRS). Il est spécialiste du système éducatif japonais actuel et de l’histoire de l’éducation au Japon. Ses recherches portent également sur l’enfance et la jeunesse dans le Japon moderne et contemporain.

Retour sur l’affaire Ghosn et la justice japonaise

→ L’article en ligne

Depuis son arrestation le 19 novembre 2018 à l’aéroport de Haneda jusqu’à sa sortie spectaculaire de l’archipel le 29 décembre 2019, l’ancien président de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi a acquis au Japon, et à l’extérieur, la réputation de justiciable le plus célèbre de la planète. Depuis lors, le système judiciaire japonais s’est trouvé sous les projecteurs des médias internationaux et de l’ONG Human Rights Watch, dans son rapport annuel rendu public le 14 janvier 2020, instruisant un procès en règle, à charge, contre le fonctionnement de la justice japonaise : collusion entre le parquet spécial de Tôkyô et Nissan par où le scandale est arrivé, arrestations répétitives et arbitraires, violation des droits élémentaires de la défense, pressions moyenâgeuses pour obtenir des aveux, conditions précaires de garde à vue et de détention, « justice de l’otage »… La répétition, en France, des mêmes argumentaires assénés par la famille du prévenu, son conseil, les médias et les réseaux sociaux ont fini par fixer une doxa paradoxale, soit que Carlos Ghosn devait être condamné, moins pour avoir violé les lois japonaises, qu’en tant que représentant emblématique des dérives d’un capitalisme mondialisé, soit qu’il devait être absous, en tant que victime d’un système judiciaire rétrograde, indépendamment même des chefs d’inculpation qui pesaient sur sa tête. Mais le traitement médiatique infligé à cette affaire est aussi symptomatique de la résurgence des vieux stéréotypes sur l’Asiatique véhiculés par le cinéma, la littérature et la bande dessinée depuis des décennies. Dans l’imaginaire occidental, le « Jaune » y est souvent présenté comme sournois, impassible, impénétrable, hypocrite et cruel. Et dans sa version japonaise, ces qualificatifs sont encore plus hyperbolisés et essentialisés. D’autant plus que les contempteurs japonais de Carlos Ghosn en cocheraient toutes les cases. Ils définissent aux yeux des Occidentaux les contours flous d’une altérité radicale, potentiellement menaçante, d’une sur-insularité qui n’est pas seulement géographique, mais socio-culturelle, dont le système judiciaire de l’archipel serait en définitive le fidèle reflet. C’est la raison pour laquelle la critique de la justice japonaise, vue de l’extérieur, participerait de la confirmation éclatante, et somme toute confortable, de ces stéréotypes. Peu importait en définitive que les citoyens japonais fussent également « pris en otages » par leur propre système judiciaire, dès lors que l’on restait dans l’entre-soi insulaire… Quant aux quelques voix qui ont tenté de faire valoir un point de vue un peu plus nuancé sur le fonctionnement de la justice japonaise, elles ont été soit largement ignorées, soit discréditées, tant elles allaient à l’encontre de l’opinion dominante. Indiscutablement la chute de Carlos Ghosn a pris l’allure d’une saga qui a défrayé la chronique judiciaire tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’archipel. Aujourd’hui, avec le recul, il est possible de confronter les visions et représentations antagoniques de la justice japonaise, d’analyser les stratégies et discours déployés par les protagonistes dans une affaire qui demeure hors normes, tant en raison des enjeux que de la personnalité des acteurs, et qui a révélé, au-delà des polémiques et des simplifications hâtives, des aspects méconnus et controversés du fonctionnement de la justice japonaise.(source : SFEJ)

Eric Seizelet, professeur émérite, Université de Paris, IFRAE

Sociologie du Japon contemporain

Séminaire de M2 de Kazuhiko Yatabe

Dans le prolongement des réflexions menées ces dernières années autour du bénévolat, nous aborderons cette année la question de l’espace public dont on sait que l’existence conditionne, en Europe, la possibilité d’une politique de la pitié. Comment peut-on le définir dans le cadre de l’univers social japonais ? Comment s’élabore-t-il ? Où se déploie-t-il ? Nous essaierons de l’aborder dans ses deux dimensions, en tant qu’espace public, d’une part, lieu de circulation des points de vue (Jürgen Habermas), et espaces publics, d’autre part, comme éléments propres au monde urbain caractérisé, en temps normal, par l’accessibilité (Isaac Joseph). Une attention particulière sera portée à la façon dont cet espace se trouve mis à l’épreuve dans les situations de crise (séisme du 11 mars 2011, crise sanitaire du Covid 19). Il s’agira notamment de saisir la façon dont la logique communautaire le court-circuite – ou non –, et d’examiner la pertinence de la notion de « symphonic communes » que met en avant la sociologie de Mita Munesuke afin de faire face à un monde désormais caractérisé par l’idée de finitude.  

Lieu :

Contacts :
gdelamotte [@] inalco.fr

Prérequis : Connaissances en sociologie et en anthropologie appréciées