L’amour, la guerre, la fête Merveilles de l’art narratif japonais

Du 10 septembre au 5 décembre 2021
Exposition organisée au musée Rietberg, Zurich, Suisse

Commissaires : Khanh Trinh, Melanie Trede, Estelle Bauer. 

L’art narratif japonais conjugue les plaisirs de l’art et le quotidien de manière absolument unique. Il se décline sous de multiples formes et sur les matériaux les plus divers – des feuillets d’album d’un format miniature aux panneaux se déployant dans l’espace, des exquises petites boîtes en bois laqué noir et décor à la feuille d’or aux vases en porcelaine soigneusement ouvragés et aux élégants kimonos en soie.

Il s’agit d’un genre propre à l’art japonais, caractérisé par sa multimédialité. Il puise son inspiration dans le bouddhisme, la littérature et la poésie, mais aussi le théâtre, pour créer des univers visuels d’une imagination débordante à partir des matériaux les plus variés. Les citations et les allusions à des épopées, des histoires d’amour et des légendes se diffuseront encore davantage grâce à leurs interprétations raffinées dans des gravures ou des peintures ainsi que sur des objets d’artisanat, et finiront par s’ancrer dans la conscience collective. Vit alors le jour un espace narratif multimédial fascinant, qui alliait plaisir artistique et éducation, tout en étant intégré dans le quotidien.

En s’appuyant sur plus de 100 peintures, objets en laque, porcelaines, kimonos en soie, objets en métal, estampes colorées ou albums de gravures sur bois, datant du XIIIe au XXe siècle, l’exposition nous introduit dans un monde à multiple facettes, vivement coloré et inventif, celui de l’art narratif japonais.

Les précieux prêts proviennent de 35 musées européens différents et de collections privées de Suisse, de France, d’Allemagne, d’Italie, d’Autriche, de Belgique, des Pays-Bas, de Grande-Bretagne, d’Irlande, de Suède, de Hongrie et de Russie. Certaines œuvres provenant des propres fonds du Musée Rietberg seront pour la première fois exposées dans le contexte de l’art narratif japonais. (source : Musée Rietberg)

Réunion de travail

Dans le cadre de l’activité du groupe Langue et Subjectivité, nous organisons une réunion de travail en distanciel le jeudi 17 juin 2021 de 10h00 à 13h00 avec les trois intervenants suivants :

1. « La locution et l’allocution : vers une nouvelle compréhension de la politesse en japonais » Hidemasa ISHIGURO, Université de Strasbourg, Inalco (IFRAE)

2. « À qui appartiennent ces voix ? : question de voix narrative dans les romans japonais et difficulté de traduction », Aki YOSHIDA, Université de Paris, Inalco (IFRAE)

3. Comment le japonais moderne a-t-il (ou pas) apprivoisé le roman à la troisième personne ?
(communication de l’état de recherche), Makiko ANDRO-UEDA, Inalco (IFRAE) sous réserve

Pour recevoir le lien de connexion → ifrae@inalco.fr

Groupe de philosophie japonaise

Dates : Samedi 29 mai 2021
Lieu : Vidéoconférences sur Zoom

9h30 -12h00 heure de Paris / 4h30 – 7h00 PM heure de Tôkyô

9h30-10h10 : « Ki, perception, sentiment – une phénoménologie linguistique de l’expérience antéprédicative », KUWAYAMA Yukiko, Université Hildesheim, Inalco  10h10-10h25 : questions – réponses
10h25-10h35 : pause
10h35-11h15 : « Grammaire du kokoro (心) », Raphaël PIERRES, Université Paris I-Panthéon Sorbonne
11h15-11h30 : questions – réponses
11h30-12h : discussion générale
12h00 : fin de séance

Pour le lien Zoom, prière de contacter : takako.saito [@] inalco.fr

contact courriel : takako.saito [@] inalco.fr, akinobukuroda |@] gmail.com, arthur.mitteau [@] univ-amu.fr, simon.ebersolt [@] gmail.com

Résumé (KUWAYAMA Y.)
    Dans cet exposé, nous allons présenter un résumé de notre thèse qui s’intitule à l’origine, en allemand, « Ki, fühlen, empfinden – eine linguistische Phänomenologie vorprädikativer Erfahrungsformen ». Elle est caractérisée par une méthodologie linguistique phénoménologique. Pour approcher la dimension antéprédicative de l’expérience qu’on peut désigner comme « perception et sentiment », nous posons quelques étapes : dans un premier temps, nous allons contextualiser la thèse du discours phénoménologique confronté directement à la diversité des langages naturels, notamment concernant la description de phénomènes ; dans un deuxième temps, nous introduirons le mot ki à l’aide des traductions processuelles d’expressions en utilisant un lexique ; dans un troisième temps, nous ferons le parallèle entre les deux domaines ki et Gefühl dans la langue allemande. Partant d’un repérage des similarités entre ces deux champs notionnels avec un focus sur l’approche de Yuho Hisayama basée sur la « nouvelle phénoménologie » chez Hermann Schmitz et Gernot Böhme, nous analyserons la différenciation des deux domaines.
    Le mot ki a beaucoup de sens différents. On le remarque notamment quand on compare ses traductions possibles entre le japonais et les autres langages naturels. Le domaine ou le champ notionnel ki (comme l’ensemble des sens de l’expression, ce que J.L. Austin désigne comme word meanings) peut apparaître plus vaste que celui du mot Gefühl en allemand. Le sens d’« attention » (par exemple ki o tsukeru – faire attention) est un bon exemple. Les traductions comme « en un souffle » (in einem Atemzug, 一気に, ikki ni), « l’air » (Luft, 空気, kūki), « l’intention » (Intention, 気になる, ki ni naru1, 気にする ki ni suru 2), « le courage » (Mut, Mutig-Sein, 勇気 yūki), ou « le mode de vouloir et l’être énergétique » (Wollen und Kraftvoll-Sein, 志気 shiki ou 意気 iki) peuvent clairement souligner la diversité des sens du mot. Le mot ki peut exprimer différents caractères de l’homme et du monde comme la matérialité, la corporalité, la spiritualité, l’affectivité ou l’émotionnalité. Ainsi, le mot ki peut paraître complexe à traduire. En comparaison, le mot kokoro ( 心 , Herz ou Herzgeist,3 cœur) a son noyau sémantique à la dimension d’expérience plus privée des sentiments, même s’il peut toucher également des dimensions de sentir, comme le mot ki.4 Outre une introduction historique à propos de la distinction de kokoro et ki de néoconfucianisme, nous travaillons à trouver un axe entre une approche orientée spatialement (phénoménologie de l’atmosphère et ki comme l’approche de Hisayama, Schmitz et Böhme) et de la perspective de la première personne, qui sent et parle de son cœur (心の内を打ち明ける kokoro no uchi o uchiakeru).
    De cette manière, nous arrivons à toucher la frontière entre dimension de l’expérience antéprédicative et prédicative au moyen des expressions verbales et concrètes. Dans le cadre de l’exposé, nous avons choisi de nous concentrer sur la dimension antéprédicative au moyen d’idées merleau-pontiennes comme la « pensée sauvage » ou l’« existence brute et préalable ». Il apparait que même cette étape puisse tourner autour du cœur (心) qui change (心変わり kokorogawari) comme la météorologie (天気, tenki), mais qui prend des décision (決心する) de temps en temps et qui trouve sa paix (穏やかな 心) également de temps à autres.

 1. L’expression « ki ni naru » (気になる) peut être traduit comme « quelque chose me concerne » en français.
2. L’expression « ki ni suru » (気にする) peut être traduite comme « s’inquiéter de quelque chose » ou « se préoccuper de quelque chose ». J’ai hâte de poser de telles questions ouvertes dans le cadre de mon exposé concernant les traductions des expressions en français.
3.  Wohlfahrt (2001): p. 17.
4.  c.f. Yamaguchi (1997): p. 61., Kimura (1995): p. 126f., Hisayama (2014): p. 89.


Résumé (R. PIERRES)
    Nous mobilisons ici la notion japonaise de 心 comme outil pour dépasser – ou problématiser – le partage entre intérieur et extérieur. 心 (kokoro) est l’un des termes les plus couramment utilisés en japonais pour désigner le mental, quoiqu’il englobe une dimension affective : en ce sens, il renvoie à la fois au coeur et à l’esprit, et semble subsumer la séparation entre pensée et corps (de fait, nous le retrouvons également comme clé dans le verbe 思う, omou, penser). Nous cherchons ici à en déployer les implications. Les coordonnées de notre interrogation peuvent être posées en situant la notion de 心 à l’aide des outils proposés par Ricoeur dans le quatrième chapitre de L’homme faillible, en particulier vis-à-vis des notions de sentiment et de θυμός (thumos).
    Dans ce cadre conceptuel, nous nous attachons plus spécifiquement à analyser la portée et les limites de la notion de 心 en regard du problème de la localisation du mental. Ce problème trouve une première traduction remarquable dans la philosophie de Nishida autour de l’idée que l’esprit doit et ne peut pas être localisé dans le monde. C’est sous cet angle que nous commençons à saisir en quoi la notion de 心 ouvre à une forme de dépassement de l’intériorité, en tant que notion mixte. Comme Nishida l’indique dans un article de jeunesse, 心の内と外, il n’y a pas d’un côté le monde intérieur, de l’autre, le monde extérieur : en ce sens, le 心 n’est ni intérieur ni extérieur. En s’appuyant sur ce caractère mixte du 心, il est possible de tendre vers une forme de monisme. Au début de son travail, dans 善の研究, Nishida accorde une grande importance à l’expérience pure (純粋経験) où la distinction entre intérieur et extérieur n’a pas cours, à la manière du mouvement instinctif de l’animal, ou de la perception du nouveau-né. Le paradoxe tient à ce que si pensée et étendue ne sont pas deux ordres logiques ou ontologiques strictement distincts, alors la question du lieu de la pensée doit être reposée.
    D’un deuxième point de vue, la notion de 心 signale en effet l’ancrage du soi dans la chair : elle joue à la fois comme point d’application des catégories spatiales à l’esprit, en tant qu’il est associé à un corps particulier, situé dans un espace déterminé. Pour aborder cette tension d’une manière plus aisément compréhensible, nous ouvrirons ici une étude de cas, que nous désignons provisoirement comme grammaire du 心. L’enjeu de cette enquête lexicologique est de rendre plus concrète la question théorique de l’incarnation de l’esprit. Si son premier objet est bien l’observation d’expressions courantes en japonais afin d’en mesurer la portée, il faut toutefois faire un pas de plus. En effet, la mention par Nishida de l’éthique et de l’esthétique comme chemins pour retrouver cette indistinction nous invite à étudier des usages remarquables dans les textes poétiques, mais aussi dans certains textes bouddhiques classiques. Ces analyses ponctuelles ont pour horizon une conception non-naturaliste de l’incarnation, dans le fil de ce que Merleau-Ponty désigne, en particulier dans ses cours de 1954 au collège de France, comme « l’institution des sentiments ». Ce caractère institué du sentiment permet enfin de remettre en question le caractère privé que semblait d’abord impliquer la notion de 心. L’influence de la polémique analytique contre l’intériorité conduit ainsi Ōmori à souligner que les sentiments ne sont pas indépendants des situations, contre la tendance à les renfermer dans le coeur. La critique de l’intériorité dans 物 と心 engage à la fois une dimension épistémologique, en tant qu’il s’agit de dépasser la distinction entre la chose et sa représentation. C’est bien l’intériorité du coeur qui se trouve battue en brèche (「心」には「中」がないのである。) Ce qui était tenu pour le plus intime, l’au-dedans radical, est projeté d’un même mouvement dans la dimension d’un environnement et d’une atmosphère. Faisant retour vers notre point de départ, il faut bien, à la fin, poser à nouveau la question, afin de mesurer apports et apories de cette proposition singulière : la philosophie du 心 est-elle enfin la « philosophie du coeur » que Ricoeur appelait de ses voeux, pour dépasser un certain partage entre intériorité et extériorité ?

The CCP’s 100-year trajectory through the prism of its founding principles

Organization, ideology, social bases, modernization and nation-building agenda

June 24-25-26, 2021

Logo ifrae janvier 2021

Organizers: Inalco, French Research Institute on East Asia (IFRAE), the European Institute for Chinese Studies (EURICS) and the Oxford School of Global and Area Studies (OSGA).
With the support of the French Academic Network on Asian Studies (GIS Asie)

Scientific coordination: Chloé Froissart (IFRAE, Inalco), Jérôme Doyon (OSGA), Sébastien Colin (IFRAE, Inalco and EURICS)

Registration:
Thursday, June 24 : https://zoom.us/webinar/register/WN_KDt7olJTT0a6aiZpGDpweg
Friday, June 25 : https://zoom.us/webinar/register/WN_UqKzuoZ4TWCv_FS0-SIFJQ
Saturday, June 26 : https://zoom.us/webinar/register/WN_MeMgmz6vTDmx2oETSMLPhw
The round table and the concluding keynote on June 26 will be held on site and online. If you wish to attend on site, please register using the form on this page.

The grouping founded on July 23rd 1921 by a handful of intellectuals in the French concession of Shanghai has magnified into one of the largest and most formidable political party in history. Starting with 53 members in 1921, the Chinese Communist Party (CCP) now counts over 91 million members. From a revolutionary movement that survived more than a decade of civil war, despite being driven close to extinction in the mid-1930s, it has become a political regime in itself, dominating since 1949 the world’s most populous country. The CCP led China’s path to modernization from a rural and under-developed country torn apart by warlordism, civil war, and Western imperialism, to a seemingly strong nation and global superpower. This story of China’s path to modernization culminates today in the Party’s China Dream.

How to explain this success? Engaging with the Party’s structure and ideology, its evolving social bases, as well as its nation-building and modernization agendas, this conference seeks to unravel the CCP’s trajectory by reflecting on how the key priorities set by the Party’s founding fathers have been implemented, and often adapted. How have the daunting tasks of fighting against capitalism and imperialism, unifying the country, establishing a solid alliance with the Chinese people, carrying out the revolution relying on the “three treasured magic weapons” of Party building, united front work, and armed struggle been managed over time? And at what costs? What are the specificities of the Party-State which emerged from China’s path to modernization and what are the remaining vulnerabilities and challenges?

The CCP has many different dimensions, with ideology and organization as the core of the edifice. Following its 100-year trajectory, we can understand the differences, as well as continuities, between the movement with extraordinary mobilization capabilities that took power in 1949, the mass campaigns of the 1950s to 1970s with their destructive outcome, and the blend of neoliberal adaptability and Leninist organizational principles that emerged following the Reform and Opening up. Despite, or because of, its revolutionary legacy, the CCP has shown tremendous adaptability over these 100 years, made of inventive interpretations of Marxist ideology and policy experimentation.How has the Party been able to reinvent itself, both ideologically and organizationally, without transforming its core structure? To what extent the ideology the CCP stand for today is in line with its founding principles? How cycles of political tightening and loosening, of atrophy and adaptation, have shaped its trajectory? How does it deal with its structural vulnerabilities, the lack of institutionalized channels of accountability and the strength of vested interests?

The CCP’s success in retaining power is closely linked to its capacity to carry out China’s modernization and overcome subsequent challenges threatening social stability. How did the CCP reconcile strong capacity to govern with enough flexibility to meet challenges such as the transition from a rural to an urban society, economic modernization, and its social and environmental consequences, while maintaining the core principles of its domination? In turn, how the CCP’s continued political monopoly limits its capacity to surmount remaining vulnerabilities such as increasing inequalities and an enduring environmental crisis?”

Following China’s unique path to modernization, the CCP has faced the challenge of forging a lasting alliance with an ever-changing society and in turn has been transformed by this endeavor. Moving away from its role as the vanguard of proletariat and peasantry, the CCP now sees itself as representative of the interest of the Chinese population in general. A change reflected in the fundamental transformation of its membership as it has become a white-collar party. At the same time, the Party has endeavored to reconfigure its alliance with its traditional social bases, including the intellectuals, to maintain its legitimacy. How has the CCP renegotiated its partnership with its traditional social bases while attempting to absorb a new middle class, and how has the Party itself been transformed by its efforts to forge a lasting alliance with an ever-changing society?

Finally, contrary to the Communist Party of the Soviet Union, which was unable to prevent the dislocation of the soviet empire, the CCP consolidated inherited borders of the country and achieved its nation-building agenda through the incorporation of its margins and the forced assimilation of ethnic minorities. It has redefined almost the entire border envelope of the country, has reestablished its sovereignty over Hong Kong and Macao and has made its own the claims of the KMT in the China Seas. What are the factors and mechanisms that have enabled the CCP to establish its authority over a country that is extremely diverse linguistically, ethnically, and religiously? How, since 1921, have the speeches and actions of the CCP evolved on issues relating to borders, peripheries, China seas and territorial integrity? Finally, to what extent the situations in Xinjiang and Tibet, which undermine the image of the CCP on the international scene, and those in Hong Kong and Taiwan, where a part of society claims a distinct political culture and identity, represent a failure of the nation-building process launched after 1949?

En mars, fusils brisés

Préface d’Emmanuel Poisson (IFRAE) et François Guillemot (IAO)
Postface de Dô Kh.
Note de lecture de Bao Ninh.
Traduction d’Emmanuel Poisson.

Le livre chez l’éditeur

En mars 1975, un mois avant la prise de Saigon par les soldats communistes du Nord, le jeune lieutenant Cao Xuân Huy est fait prisonnier près de Huê. Il relate la retraite et l’annihilation d’une des meilleures unités sud-vietnamiennes, la division de Marines, qui défend le 17e parallèle. Ce texte autobiographique, cru et sans complaisance, n’est pas sans rappeler Henri Barbusse ou Ernst Jünger. Rien ne manque au récit apocalyptique d’une armée en déroute : combats d’arrière-garde, exécutions sommaires, trahisons et lâchetés. Cao Xuân Huy le fait avec une candeur absolue, racontant même comment, lors d’une bousculade, il parvient à se frotter aux seins de ses gardiennes viêt-công. Son témoignage fera scandale par sa fraîcheur et sa véracité dans la communauté amère des exilés sud-vietnamiens. De cette guerre du Viêt Nam, le lecteur occidental connaît surtout les témoignages des “vainqueurs”, même critiques, comme celui de Bao Ninh. (source : Riveneuve)

Emmanuel Poisson est professeur d’histoire du Viêt Nam à l’Université Paris Cité, membre de l’IFRAE.

François Guillemot est historien à l’Institut d’Asie orientale (CNRS-École normale supérieure de Lyon).

Do K.  est journaliste, essayiste et écrivain du courant novateur des lettres vietnamiennes depuis une trentaine d’années.

Marcelino Truong est dessinateur et illustrateur.

Expressions of the Self in Vietnam: Usage of ‘I’ throughout Literature in nôm and in quốc ngữ

→ L’articel en ligne

The modern Western world as the matrix for the individual has been a widely accepted theory among the general public as well as in the areas of social and human sciences. Recently, however, extensive work in various fields—linguistics, literature, history, philosophy and anthropology—has adopted a new approach to research in areas beyond simplistic Western ideas based on binary distinctions; for instance, individualism versus holism, or the West versus the Orient. This paper aims to contribute to this new area of research by offering an overview of the development of the Self and the linguistic manifestations of ‘I’ in Vietnamese literary works. (source: ISEAS publishing)

Doan Cam Thi est traductrice, maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) et membre de l’Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est (Ifrae). Elle dirige, chez Riveneuve, la collection « Littérature vietnamienne contemporaine ». Elle a publié chez cet éditeur Un moi sans masque. L’Autobiographie au Vietnam, 1887-1945 (2019). Elle est également l’auteure de Poétique de la mobilité. Les lieux dans Histoire de ma vie de George Sand (2000), Au rez-de chaussée du paradis. Récits vietnamiens 1991-2003 (2005), Écrire le Vietnam contemporain. Guerre, corps, littérature (2010) et, plus récemment, en vietnamien, de Đọc « tôi » bên bến lạ [L’usage du « je » dans la littérature vietnamienne contemporaine] (2016).

L’hyperféminisation des chanteuses japonaises : shôjo kashu et aidoru

→ L’article en ligne

Chiharu Chûjô et Clara Wartelle-Sakamoto, « L’hyperféminisation des chanteuses japonaises : shôjo kashu et aidoru », Transposition [En ligne], 9 | 2021, mis en ligne le 01 mars 2021. 

Le phénomène des aidoru, ces jeunes vedettes féminines à la fois chanteuses, danseuses et actrices, souvent issues de groupes de pop japonaise fabriqués de toutes pièces par une puissante industrie musicale, s’est grandement développé à la fin des années 1960. La forte médiatisation de ces jeunes artistes les soumet à des exigences importantes, en particulier physiques et morales : elles doivent adopter des tenues et des comportements pour satisfaire et fidéliser leurs fans. Mais leur représentation d’adolescentes modèles aux caractéristiques physiques et aux attitudes hyperféminisées peut troubler, tant elle joue à la fois sur un mode de séduction et d’allusions sexuelles, et sur une apparence volontairement enfantine et immature. Leur carrière et leurs salaires étant déterminés par leur notoriété, cette dernière pouvant rapidement être mise à mal par un scandale touchant à leur vie privée, les aidoru évoluent dans une relation avec leur public qui s’apparente à un dispositif de voyeurisme et de fan service.

Cette figure de la chanteuse ou actrice adolescente à succès s’observe déjà avant-guerre, avec le phénomène des shôjo kashu (« fillettes chanteuses »). Elles incarnent alors la pureté et l’innocence de l’enfance et sont bien souvent cantonnées à des répertoires et des rôles qui valorisent ces qualités. Or, dans les années 1950, des artistes comme Misora Hibari semblent s’éloigner peu à peu de cette vision et offrir une image jouant sur une ambiguïté séductrice s’incarnant dans un corps d’enfant. Dans cet article, nous reviendrons sur les contextes historiques et culturels dans lesquels ont évolué shôjo kashu et aidoru, afin de mieux comprendre ce qui constitue un phénomène majeur dans l’industrie musicale japonaise. (source : OpenEdition – Transposition)

Clara Wartelle est postdoctorant de l’IFRAE,maître de langue de japonais à l’Inalco et chercheuse associée à la Bibliothèque Nationale de France.

Monthly mobility inferred from isoscapes and laser ablation strontium isotope ratios in caprine tooth enamel

L’article en ligne

L’origine géographique des hommes et des animaux peut être approchée par l’analyse isotopique en strontium de l’émail dentaire. Mais la capacité de cette méthode à suivre des mobilités successives reste encore à démontrer. Une étude publiée dans la revue Scientific Reports par des chercheur.e.s du CNRS, du MNHN de l’Inalco et de l’Institut d’Archéologie de Mongolie, dont des scientifiques issus du laboratoire Archéozoologie, Archéobotanique: Sociétés, Pratiques et Environnements (AASPE – CNRS / MNHN), du Centre d’Écologie et des Sciences de la Conservation (CESCO – CNRS / MNHN / Sorbonne Université) et du Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE – CNRS / Université de Montpellier / IRD / EPHE), vient combler cette lacune. Les résultats, qui portent sur des dents de moutons appartenant à des éleveurs nomades de Mongolie, et dont les déplacements pluriannuels ont été documentés par un suivi GPS, montrent qu’il est possible de suivre une mobilité fréquente (de l’ordre du mois) grâce à l’analyse isotopique à haute résolution de l’émail. Cette approche originale permet des reconstructions raffinées et beaucoup plus détaillées des pratiques pastorales et donc de la culture nomade en général. Ces résultats offrent de nouvelles perspectives dans diverses disciplines, et notamment en écologie, en anthropologie et en archéologie.

Lazzerini, N., Balter, V., Coulon, A., Marchina, C., et al. Monthly mobility inferred from isoscapes and laser ablation strontium isotope ratios in caprine tooth enamel. Sci Rep 11, 2277 (2021). https://doi.org/10.1038/s41598-021-81923-z

Contribution de Charlotte Marchina

Publication valorisée en anglais : How an animal’s teeth can reveal where it’s been

Publication valorisée en français : Suivre les animaux à la trace grâce à leurs dents

Les yeux de la ville : vigilance et lien social France-Japon, analyses croisées

→ Le livre chez l’éditeur

Naoko Tokumistu, « Les Yeux de la ville : vigilance et lien social France-Japon, analyses croisées », Hémisphère, Paris, 2021, 568p.

En réponse à un sentiment croissant d’insécurité, les actions de prévention initiées par des particuliers se multiplient. Ce livre étudie leur récent développement à l’échelle du quartier, en France et au Japon, et en propose une analyse croisée entre les deux pays.

Car, tout en accordant de l’importance au lien social, la France et le Japon adoptent des approches contrastées. Ainsi, en France, ce type d’action est surtout le fait d’agents formés ou rémunérés, alors qu’au Japon, le nombre de bénévoles chargé du maintien de l’ordre a été en augmentation. Dans le cadre de pratiques telles que les « médiateurs de rue » et les « voisins vigilants » en France, et les groupes d’habitants au Japon, le fait que la prévention tende à trier les citoyens au nom de valeurs considérées comme autant de « biens » du quartier transparaît notamment, au Japon, dans les actions des habitants pour la « fabrique de la ville» (machi-zukuri); tandis qu’en France, les liens sociaux représentent surtout un outil à disposition d’agents spécialisés.

Revêtant une portée d’éducation morale, le quartier japonais peut alors apparaître, en contraste avec le cas français, comme une forme de famille visant à se substituer à la famille contemporaine jugée défaillante, sur fond de réappropriation de la notion de tradition, considérée comme une charnière dans un contexte de délitement des liens sociaux au sein de la famille.

Naoko Tokumitsu-Partiot est maîtresse de conférences à l’Inalco, membre de l’IFRAE. Ses travaux portent sur les mobilisations territoriales des habitants dans un objectif de maintien de l’ordre, ainsi que sur les rapports entre police et société civile en France et au Japon.

Voisinages en Asie : enjeux politiques, mobilisations, pratiques sociales

Inalco, Paris, le mardi 19 janvier 2021

Organisée par l’équipe Populations japonaises (IFRAE – CRCAO)


En raison de la situation sanitaire, la journée aura lieu entièrement à distance.

Pour vous inscrire, nous vous remercions de nous écrire avant le 17 janvier à l’adresse jdevoisinage@gmail.com, en précisant :
1) vos nom et prénom,
2) votre adresse email,
3) votre institution de rattachement.

Nous vous enverrons un lien de connexion pour Zoom le 18 janvier, dans la matinée.

10h -10h10 : Introduction : Naoko Tokumitsu (IFRAE/Inalco)

Session 1 : Voisinages et associations religieuses

Discutante :  Florence Galmiche (CRC/Université de Paris)

10h15 (20 min de présentation + 10 min de discussion)
Marta Pavone (IFRAE/Inalco) : « Consolidation du pouvoir local à travers la construction d’un temple : les Lü du quartier Nanshijiao à Taïwan. »

10h45
Adeline Herrou (LESC/CNRS) : « La course aux voisins d’un temple taoïste sauvé d’une démolition de village (région de Xi’an, Chine). »

11h15
Fabienne Duteil-Ogata (iiAC/Université de Bordeaux) : « Les rapports de l’association de voisinage avec le pouvoir religieux : rapports de give and take. (Japon) »

11h45 : Discussion 1

12h – 13h : Pause déjeuner

Session 2 : Voisinages et lieux de socialisation

Discutante :  Joanie Cayouette-Remblière (INED, CNRS)

13h
Justine Rochot (CECMC/EHESS- CEFC/CNRS/MAEE) : « Le voisin, l’amant et le concitoyen. Figures du lien social dans les rassemblements de retraités d’un parc pékinois. »

13h30
Nicolas Pinet (CRJ/EHESS-LCSP/Université de Paris) : « Une forme particulière de voisinage : les grands ensembles d’habitat social au Japon. »

14h
Marie Gibert-Flutre (CESSMA/Université de Paris)

Présentation de ses ouvrages:

Les envers de la métropolisation. Les ruelles de Hồ Chí Minh Ville, Vietnam, CNRS Éditions, 2019

Asian Alleyways : An Urban Vernacular in Times of Globalization, Amsterdam University Press, 2020 (ouvrage co-dirigé avec Heide Imai)

14h30 : Discussion 2

14h45-15h : Pause-café 

Session 3 : Voisinages, mobilisations, contrôle

Discutante :  Marie Gibert-Flutre (CESSMA/Université de Paris)

15h
Delphine Vomscheid (CRCAO/EPHE) : « Classements patrimoniaux de quartiers anciens au Japon : de l’opposition des habitants aux intérêts économiques. »

15h30
Frédéric Burguière (ENS Lyon/Université de Cergy) : « Les “relations de voisinage” en période d’épidémie. L’apport des outils numériques utilisés en Asie en 2020. »

16h
Émilie Letouzey (LISST/Université de Toulouse) : « Mes cent mille voisins. Identité et stratégies promotionnelles dans les associations locales d’Osaka. »

16h30 : Discussion 3

16h45-17h15 : Discussion générale animée par Jean-Michel Butel (IFRAE/Inalco)