Resistant Hybridities

New Narratives of Exile Tibet

→ Le livre chez l’éditeur


BHOIL S. (Ed.). (2020). Resistant Hybridities. Lexington: Rowman & Littlefield, 274p.
Introduction par Françoise Robin


With its analytic focus on the cultural production by Tibetans-in-exile, this volume examines contemporary Tibetan fiction, poetry, music, art, cinema, pamphlets, testimony, and memoir. The twelve case studies highlight the themes of Tibetans’ self-representation, politicized national consciousness, religious and cultural heritages, and resistance to the forces of colonization. This book demonstrates how Tibetan cultural narratives adjust to intercultural influences and ongoing social and political struggles in exile. (source : Rowman Littlefield)


Françoise Robin is a professor of Tibetan language and literature at Inalco in Paris. She has done extensive research on Tibetan contemporary literature and filmmaking and has translated many novels and short stories from Tibetan into French and English.

Retour sur l’affaire Ghosn et la justice japonaise

→ L’article en ligne

Depuis son arrestation le 19 novembre 2018 à l’aéroport de Haneda jusqu’à sa sortie spectaculaire de l’archipel le 29 décembre 2019, l’ancien président de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi a acquis au Japon, et à l’extérieur, la réputation de justiciable le plus célèbre de la planète. Depuis lors, le système judiciaire japonais s’est trouvé sous les projecteurs des médias internationaux et de l’ONG Human Rights Watch, dans son rapport annuel rendu public le 14 janvier 2020, instruisant un procès en règle, à charge, contre le fonctionnement de la justice japonaise : collusion entre le parquet spécial de Tôkyô et Nissan par où le scandale est arrivé, arrestations répétitives et arbitraires, violation des droits élémentaires de la défense, pressions moyenâgeuses pour obtenir des aveux, conditions précaires de garde à vue et de détention, « justice de l’otage »… La répétition, en France, des mêmes argumentaires assénés par la famille du prévenu, son conseil, les médias et les réseaux sociaux ont fini par fixer une doxa paradoxale, soit que Carlos Ghosn devait être condamné, moins pour avoir violé les lois japonaises, qu’en tant que représentant emblématique des dérives d’un capitalisme mondialisé, soit qu’il devait être absous, en tant que victime d’un système judiciaire rétrograde, indépendamment même des chefs d’inculpation qui pesaient sur sa tête. Mais le traitement médiatique infligé à cette affaire est aussi symptomatique de la résurgence des vieux stéréotypes sur l’Asiatique véhiculés par le cinéma, la littérature et la bande dessinée depuis des décennies. Dans l’imaginaire occidental, le « Jaune » y est souvent présenté comme sournois, impassible, impénétrable, hypocrite et cruel. Et dans sa version japonaise, ces qualificatifs sont encore plus hyperbolisés et essentialisés. D’autant plus que les contempteurs japonais de Carlos Ghosn en cocheraient toutes les cases. Ils définissent aux yeux des Occidentaux les contours flous d’une altérité radicale, potentiellement menaçante, d’une sur-insularité qui n’est pas seulement géographique, mais socio-culturelle, dont le système judiciaire de l’archipel serait en définitive le fidèle reflet. C’est la raison pour laquelle la critique de la justice japonaise, vue de l’extérieur, participerait de la confirmation éclatante, et somme toute confortable, de ces stéréotypes. Peu importait en définitive que les citoyens japonais fussent également « pris en otages » par leur propre système judiciaire, dès lors que l’on restait dans l’entre-soi insulaire… Quant aux quelques voix qui ont tenté de faire valoir un point de vue un peu plus nuancé sur le fonctionnement de la justice japonaise, elles ont été soit largement ignorées, soit discréditées, tant elles allaient à l’encontre de l’opinion dominante. Indiscutablement la chute de Carlos Ghosn a pris l’allure d’une saga qui a défrayé la chronique judiciaire tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’archipel. Aujourd’hui, avec le recul, il est possible de confronter les visions et représentations antagoniques de la justice japonaise, d’analyser les stratégies et discours déployés par les protagonistes dans une affaire qui demeure hors normes, tant en raison des enjeux que de la personnalité des acteurs, et qui a révélé, au-delà des polémiques et des simplifications hâtives, des aspects méconnus et controversés du fonctionnement de la justice japonaise.(source : SFEJ)

Eric Seizelet, professeur émérite, Université de Paris, IFRAE

The isotope record (δ13C, δ18O) of vertical mobility in incremental tissues (tooth enamel, hair) of modern livestock: A reference set from the Mongolian Altai

→ L’article en ligne

2021 : N. Lazzerini, A. Coulon, L. Simon, C. Marchina, D. Fiorillo, Ts. Turbat, N. Bayarkhuu, C. Noûs, S. Lepetz, A. Zazzo, «
The isotope record (δ13C, δ18O) of vertical mobility in incremental tissues (tooth enamel, hair) of modern livestock : A reference set from the Mongolian Altai », Quaternary International, doi: 10.1016/j.quaint.2021.04.008.

Identifying the isotopic signatures of vertical mobility and alpine meadows exploitation in the teeth of domesticated animals can be a key to understanding the subsistence strategies used by pastoral communities through history. Indeed, the oxygen (δ18O) and carbon (δ13C) isotopic composition of sequentially sampled tooth enamel, used alone or in combination have been commonly employed to investigate altitudinal mobility and alpine exploitation. However, conflicting interpretations of the outcomes of these analyses exist, due in part to the paucity of modern reference datasets. In this study, we propose a new reference set, composed of GPS monitored sheep, goats and horses from the Mongolian Altai, to investigate the influence of vertical mobility and mean grazing altitude, on the C and O isotopic compositions of sequentially sampled tooth enamel and on the C isotopic composition of horse tail hair. We found that δ13C values were negatively correlated with the mean grazing altitude and time of residency of alpine meadows. Although no correlation was found between the average δ18O values of tooth enamel and mean grazing altitude, vertically mobile livestock had a higher intra-tooth range in δ18O values than vertically immobile livestock, possibly reflecting the ingestion of isotopically more diverse sources of water. Moreover, the coefficient of the correlation between δ13C and δ18O values of tooth enamel was – although weakly – negatively correlated with the standard deviation of the animal mean grazing altitude (i.e. reflecting the frequency of altitudinal mobility). These results confirm that δ13C and δ18O analyses of tooth enamel and tail hair can be used to infer animal mobility and land use in modern and ancient times. (source : ScienceDirect)

Charlotte Marchina est maître de conférence et anthropologue à l’Inalco

Diplomatie japonaise, la voie étroite – S’assumer comme “puissance moyenne” ?

Yoshihide Soeya. Diplomatie japonaise, la voie étroite – S’assumer comme “puissance moyenne” ?. Coll. Asie en perspective. Paris: Coédition Hémisphères/Maisonneuve & Larose, 2021, 192p.

Traduction par Frank ackerer
Contribution de Guibourd Delamotte
Préface par François Godement

Dans l’immédiat après-guerre, le Japon, divisé entre une droite qui appelle la remilitarisation de ses voeux et une gauche désireuse d’ancrer le pays dans le rejet de la guerre, adopte la “doctrine Yoshida” : une position de compromis développant l’économie tout en externalisant la défense nationale, laissée aux mains des Etats-Unis. Soeya Yoshihide montre que la politique de défense japonaise, née d’une double contrainte normative imposée par le traité de sécurité nippo-américain d’une part, par la Constitution de l’autre, subsiste.
Il préconise que le Japon s’accepte comme une “puissance moyenne” semblable à la France ou au Royaume-Uni, dans un moyen terme entre l’idéalisme de gauche et le réalisme de droite, en empruntant la voie étroite tracée par la doctrine Yoshida entre Constitution et traité. Une voie qui s’imposera aux diplomates et décideurs japonais comme la seule possible, aussi longtemps que subsistera cette double contrainte. (Source : Decitre)

La diète japonaise

ŌYAMA, Reiko. La Diète japonaise: Pour un Parlement qui débatte. New edition [online]. Paris: Presses de l’Inalco, 2021 (generated 17 février 2022).

Traduction par Arnaud Grivaud
Avant propos par Guibourg Delamotte

Lien direct du livre : OpenEdition

La Diète, lieu de débat pour les représentants des citoyens, symbole de la démocratie parlementaire, sert-elle convenablement ces fonctions au Japon ? Cet ouvrage destiné à tout citoyen intéressé par la mécanique sous‑jacente et la fabrique du débat public, emmène le lecteur à la rencontre d’une démocratie peu étudiée par la science politique générale : le Japon. Il l’explore sous l’angle hautement symbolique du parlement pour « dé‑couvrir » les arcanes de son système politique. Et ses insuffisances… qui donnent relief aux nôtres. (Source : OpenEdition Books)

For A Critical History of the Northern Treasures

« For A Critical History of the Northern Treasures », Revue d’Etudes Tibétaines, CRCAO, vol. 62, février 2022

Lien direct vers la revue : Digital Himlaya Project

INTRIDUCTION : My interest in the ‘Northern Treasures’ goes back to 1989, when I was led to make the acquaintance—to serve him as French interpreter—of the famous ‘C. R. Lama’ (’Khor gdong gter sprul ’Chi med rig ’dzin rin po che, 1922–2001).1 There is little trace of this in my earlier publications, but to be fair, my 2016 book, Le Manuel de la transparution immediate, is the fruit of a quarter century of work on a manual of practice for the dGongs pa zang thal, one of the two main cycles of rDzogs chen in the Byang gter—so it is no exaggeration to say that in fact the Northern Treasures have been a focus of my attention almost from the moment I began learning Tibetan.

But it was during the preparation of the last IATS conference in Paris (2019) that I had the good fortune to get to know Dr. Jay Valentine and his work—especially his doctoral dissertation, which is the actual real starting point of all critical history of the Byang gter—The Lords of the Northern Treasures (2013). It was he who took the excellent initiative of setting up a first Byang gter panel, which was admittedly modest in terms of both the number of participants and the audience, but which can be seen as the unofficial inauguration of a new branch in Tibetological research. The present issue of the Revue d’Etudes Tibétaines, of which he was the sole project manager, marks a further step in the foundation of this new research pole, as well as our obtaining, in July 2021, of ANR funding for the mcollective research project described below, which itself will be supported by the next major IATS conference in Prague (July 2022). Stéphane Arguillère (sources : RET)

Possibilité et limites d’une philosophie photographique

Lucken, Michael. « Possibilité et limites d’une philosophie photographique. Une lecture de Nakai Masakazu », Archives de Philosophie, vol. 85, no. 1, 2022, pp. 67-84.

Lien direct vers la publication (payant) → CAIRN

Saisie, prise, captation ; shooting en anglais ; satsuei en japonais ; çekim en turc : l’opération de la caméra est largement rendue par des expressions relevant du lexique de la préhension et de la prédation. Des camera obscura dont les appareils photographiques sont les lointains descendants auraient pourtant pu subsister, comme par rémanence, des images de caresses, de corps qui se frôlent et s’enlacent sans se fondre, mais dans la plupart des langues domine le registre de la conquête et de l’assimilation. Peut-on s’extraire de cette logique et comment ?
Il y a là un problème de fond. Si la caméra est cet appareil sans âme qui indexe de façon mécanique et coordonnée toute projection lumineuse sur une surface photosensible, alors ce qui en émane, telle une variation du paradoxe d’Achille et de la tortue, ne peut être qu’une série de points infiniment mesurables et sécables dont le rapport au réel comprend un vice fondamental. Par extension, la photographie n’est pas seulement une image de nature inférieure, elle introduit aussi, plus que toute autre technique de représentation, une coupure dans le regard. Ou, pour le dire de façon classique, elle engendre une séparation entre le sujet et l’objet, et tous les rapports de domination et d’aliénation qui l’accompagnent. Au sujet, un sentiment de possession au monde, mais sans cesse des réalisations qui lui échappent et se dressent contre lui ; à l’objet, une monstruosité croissante au fur et à mesure que la logique industrielle s’éloigne des besoins humains… (Source : CAIRN)

Michael Lucken, professeur à l’Inalco, est un historien et japonologue français. Auteur de la seule monographie en français sur Nakai (Nakai Mazakazu – Naissance de la théorie critique au Japon, Les presses du réel, 2016), il a publié de nombreux travaux sur l’histoire culturelle et artistique du Japon au XXe siècle. Partisan d’une approche esthétique de l’histoire, il s’intéresse à la circulation des formes, aux effets de ressemblances, aux changements de perspective, cherchant ainsi à éprouver les possibilités d’une communauté du sens.

Le corps dans les littératures modernes : discours, représentation, intermédialité

Siary, G., Takemoto, T., Vuilleumier, V., & Zhang, Y. (Eds.) 2022. Le corps dans les littératures modernes d’Asie orientale : discours, représentation, intermédialité. Paris : Collège de France. Tiré de http://books.openedition.org/cdf/11975

Acte du colloque « Le corps dans les littératures modernes d’Asie orientale » organisé à l’Université Paris-Diderot (actuelle Université sans nom) les 15 et 18 novembre 2017 par le CRCAO, le CERC, ALITHILA et le CEJ (actuel IFRAE).

Le présent ouvrage étudie le corps représenté dans les littératures d’Asie orientale et alentours au XXe et XXIe siècles : Chine, Corée, Japon, Vietnam, Indonésie. Le plan du volume est thématique : corps saturés, corps réprimés, corps réappropriés, corps trans-formés. La méthodologie croise autant que possible les disciplines d’approche : narratologie, anthropologie, psychanalyse, histoire culturelle du corps, etc. Les vicissitudes de l’histoire dans la zone concernée ne font pas disparaître les anciennes conceptions du corps, ainsi que les discours et légendes afférents, mais le choc de la modernisation écartèle le corps entre un corps anatomisé en quête d’identité réprimé par le corps de la nation, et un corps virtuel engendré par le cyberespace. La littérature, elle, tend le plus souvent à rendre compte du phénomène comme si l’autonomie du corps, encore un enjeu, conditionnait celle de l’écriture. Aussi deux tendances apparaissent-elles dans l’écriture : l’une, classique, restitue encore les manques aussi bien que les débordements du corps ; l’autre expérimente afin de renouveler le lien du corps avec un monde aliénant, quitte à casser la langue. Une expérience assez proche, somme toute, de celle de l’Occident. Nombre d’extraits inédits traduits illustrent l’ensemble. (Source : OpenEdition Books)

Introduction à l’esthétique

→ Le livre chez l’éditeur

Première traduction en français d’une œuvre du philosophe japonais, ce livre, pensé à partir de la photographie et du cinéma, propose une esthétique de la résistance et du rebond indissociable du corps et des luttes qu’il implique.

L’œuvre de Nakai Masakazu (中井正一1900-1952) offre un nouveau regard japonais sur l’art, la technique et le monde contemporain. Loin de tout particularisme culturel et cependant profondément originale par rapport aux conceptions occidentales du beau, Introduction à l’esthétique permet de découvrir un univers sans double-fond, tout en surfaces et reflets, où se rejoignent intimement matérialisme et phénoménologie. Pensé à partir de la photographie et du cinéma, en dialogue avec Cassirer, Heidegger, Marx et les auteurs de l’École de Francfort, ce livre propose une esthétique de la résistance et du rebond indissociable du corps et des luttes qu’il implique.
Traduit du japonais, annoté et présenté par Michael Lucken, historien et professeur à l’Inalco, avec une préface de Carole Maigné, philosophe et professeure à l’Université de Lausanne. (source : Les presses du réel)

Michael Lucken, professeur à l’Inalco, est un historien et japonologue français. Auteur de la seule monographie en français sur Nakai (Nakai Mazakazu – Naissance de la théorie critique au Japon, Les presses du réel, 2016), il a publié de nombreux travaux sur l’histoire culturelle et artistique du Japon au XXe siècle. Partisan d’une approche esthétique de l’histoire, il s’intéresse à la circulation des formes, aux effets de ressemblances, aux changements de perspective, cherchant ainsi à éprouver les possibilités d’une communauté du sens.

Masakazu Nakai (Nakai Masakazu ou Nakai Shōichi, 1900-1952) est un philosophejaponais, l’un des pionniers de la critique des médias, du cinéma et du sport au Japon. Du fait de ses références et de sa sensibilité – il a connu la crise du bouddhisme, la montée du fascisme, la prison, le bombardement de Hiroshima et l’occupation américaine –, il a souvent été rapproché de Walter Benjamin. Son œuvre a profondément marqué les mouvements de contre-culture des années 1960.

Demain la Chine : guerre ou paix ?

→ Le livre chez l’éditeur

Développement économique vertigineux, montée en puissance impressionnante, modernisation militaire sans précédent, passions nationalistes souvent incandescentes, confrontation de plus en plus intense avec les États-Unis, tous ces ingrédients connus semblent conduire immanquablement la Chine à la guerre.
Les causes immédiates d’un conflit armé ne manquent pas : les prétentions de Pékin en mer de Chine du Sud, le conflit territorial sinojaponais autour des Senkaku (Diaoyu) et surtout la volonté farouche de Xi Jinping de réunifier Taiwan à la République populaire constituent les principaux barils de poudre qui peuvent à tout moment exploser. De fait, les prédictions d’un affrontement militaire dans le détroit de Formose d’où la Chine sortirait vainqueur se multiplient.
Pour l’heure, ce que l’on observe avant tout est une utilisation de plus en plus fréquente par le gouvernement chinois de ce qu’on appelle les « zones grises » entre la paix et la guerre. Cette stratégie s’est étendue, en 2020, à la longue frontière sino-indienne. Ce nouveau modus operandi permet aussi à l’Armée populaire de libération (APL) et aux autres agences de sécurité chinoises d’améliorer leur capacité de projection de forces et leur préparation au combat. Mais les enjeux d’une guerre ouverte, et pas uniquement avec les États-Unis, restent énormes, incitant l’APL à d’abord envisager des « opérations extérieures » plus limitées et moins dangereuses.
Pour ces raisons, bien que nul ne puisse contrôler les passions humaines, et sans pour autant exclure l’irruption de crises militaires, la Chine et les États-Unis s’orientent plus vers une guerre froide d’un nouveau type que vers une guerre chaude qui pourrait rapidement se nucléariser. (source : Gallimard)

Jean-Pierre Cabestan est directeur de recherche au CNRS, membre de l’UMR IFRAE, et professeur à l’Université baptiste de Hong-Kong.