Le développement de dispositifs techniques de surveillance des espaces publics et la participation des habitants au maintien de l’ordre au Japon

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Craignant une baisse de confiance à l’égard des policiers ainsi qu’un affaiblissement des liens sociaux au sein des communautés locales en raison d’une urbanisation croissante du pays, la police japonaise s’est attachée à renforcer localement ses partenariats avec la population, notamment à partir des années 2000. Dans cette perspective, l’État japonais a orienté l’aménagement des espaces publics en s’inspirant de la prévention situationnelle, et a encouragé le développement de différentes technologies de surveillance. Ceci a conduit à la mise en place d’un maillage dense de réseaux de surveillance dans les espaces publics, sous couvert de « lien social » et de « protection » des citoyens, non seulement dans des quartiers commerciaux marqués par une forte fréquentation de clients extérieurs, mais également dans des quartiers résidentiels où les commerces locaux sont souvent fréquentés par des habitants du quartier. Des enquêtes de terrain ainsi que l’étude de documents législatifs produits depuis les années 1970 montrent à cet égard que les actions préventives réalisées par les habitants comportent un aspect d’éducation morale à destination des enfants. Les technologies de surveillance ont ainsi contribué à la légitimation d’une surveillance par les habitants, exerçant une forme de tri social au sein des quartiers. (source : Carnets de géographes)

Naoko Tokumitsu-Partiot est maîtresse de conférences à l’Inalco, membre de l’IFRAE. Ses travaux portent sur les mobilisations territoriales des habitants dans un objectif de maintien de l’ordre, ainsi que sur les rapports entre police et société civile en France et au Japon.