Occupy Tôkyô. SEALDs, le mouvement oublié

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La jeunesse japonaise, comme partout ailleurs, cherche à construire son avenir malgré les crises qui secouent son univers dont la dernière est la triple catastrophe de Fukushima. Souvent considérée comme davantage tournée vers une vie personnelle voire hédoniste, elle a surpris les médias lorsqu’un mouvement d’étudiants a pris la parole pour critiquer les projets de loi sur la sécurité et les Forces d’auto-défense du gouvernement Abe. Le mouvement dit des SEALDs s’est formé en décalage temporel par rapport aux mouvements Des Indignés ou de Occupy Wall street, mais on y retrouve des préoccupations semblables.

Saisir l’expérience des SEALDs à partir de la philosophie de John Dewey permet de mettre une nouvelle fois en avant les dangers que la technologie numérique fait subir aux individus, au collectif et à leurs valeurs.

Bref, comment en vient-on à la politique dans une société qui n’a eu de cesse de dépolitiser sa population ? (source : Le Bord de l’Eau)

Anne Gonon est professeure à l’université Doshisha en sciences sociales. Son travail se situe à l’interface des questions sociales et éthiques, avec un intérêt particulier pour les questions de genre et de catastrophe dans le Japon contemporain.

Christian Galan est professeur à l’université Toulouse-Jean Jaurès et chercheur à l’Institut Français de Recherche sur l’Asie de l’Est (Inalco/université Paris Cité/CNRS). Il est spécialiste du système éducatif japonais actuel et de l’histoire de l’éducation au Japon. Ses recherches portent également sur l’enfance et la jeunesse dans le Japon moderne et contemporain.

Resistant Hybridities

New Narratives of Exile Tibet

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BHOIL S. (Ed.). (2020). Resistant Hybridities. Lexington: Rowman & Littlefield, 274p.
Introduction par Françoise Robin


With its analytic focus on the cultural production by Tibetans-in-exile, this volume examines contemporary Tibetan fiction, poetry, music, art, cinema, pamphlets, testimony, and memoir. The twelve case studies highlight the themes of Tibetans’ self-representation, politicized national consciousness, religious and cultural heritages, and resistance to the forces of colonization. This book demonstrates how Tibetan cultural narratives adjust to intercultural influences and ongoing social and political struggles in exile. (source : Rowman Littlefield)


Françoise Robin is a professor of Tibetan language and literature at Inalco in Paris. She has done extensive research on Tibetan contemporary literature and filmmaking and has translated many novels and short stories from Tibetan into French and English.

Diplomatie japonaise, la voie étroite – S’assumer comme “puissance moyenne” ?

Yoshihide Soeya. Diplomatie japonaise, la voie étroite – S’assumer comme “puissance moyenne” ?. Coll. Asie en perspective. Paris: Coédition Hémisphères/Maisonneuve & Larose, 2021, 192p.

Traduction par Frank ackerer
Contribution de Guibourd Delamotte
Préface par François Godement

Dans l’immédiat après-guerre, le Japon, divisé entre une droite qui appelle la remilitarisation de ses voeux et une gauche désireuse d’ancrer le pays dans le rejet de la guerre, adopte la “doctrine Yoshida” : une position de compromis développant l’économie tout en externalisant la défense nationale, laissée aux mains des Etats-Unis. Soeya Yoshihide montre que la politique de défense japonaise, née d’une double contrainte normative imposée par le traité de sécurité nippo-américain d’une part, par la Constitution de l’autre, subsiste.
Il préconise que le Japon s’accepte comme une “puissance moyenne” semblable à la France ou au Royaume-Uni, dans un moyen terme entre l’idéalisme de gauche et le réalisme de droite, en empruntant la voie étroite tracée par la doctrine Yoshida entre Constitution et traité. Une voie qui s’imposera aux diplomates et décideurs japonais comme la seule possible, aussi longtemps que subsistera cette double contrainte. (Source : Decitre)

La diète japonaise

ŌYAMA, Reiko. La Diète japonaise: Pour un Parlement qui débatte. New edition [online]. Paris: Presses de l’Inalco, 2021 (generated 17 février 2022).

Traduction par Arnaud Grivaud
Avant propos par Guibourg Delamotte

Lien direct du livre : OpenEdition

La Diète, lieu de débat pour les représentants des citoyens, symbole de la démocratie parlementaire, sert-elle convenablement ces fonctions au Japon ? Cet ouvrage destiné à tout citoyen intéressé par la mécanique sous‑jacente et la fabrique du débat public, emmène le lecteur à la rencontre d’une démocratie peu étudiée par la science politique générale : le Japon. Il l’explore sous l’angle hautement symbolique du parlement pour « dé‑couvrir » les arcanes de son système politique. Et ses insuffisances… qui donnent relief aux nôtres. (Source : OpenEdition Books)

Introduction à l’esthétique

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Première traduction en français d’une œuvre du philosophe japonais, ce livre, pensé à partir de la photographie et du cinéma, propose une esthétique de la résistance et du rebond indissociable du corps et des luttes qu’il implique.

L’œuvre de Nakai Masakazu (中井正一1900-1952) offre un nouveau regard japonais sur l’art, la technique et le monde contemporain. Loin de tout particularisme culturel et cependant profondément originale par rapport aux conceptions occidentales du beau, Introduction à l’esthétique permet de découvrir un univers sans double-fond, tout en surfaces et reflets, où se rejoignent intimement matérialisme et phénoménologie. Pensé à partir de la photographie et du cinéma, en dialogue avec Cassirer, Heidegger, Marx et les auteurs de l’École de Francfort, ce livre propose une esthétique de la résistance et du rebond indissociable du corps et des luttes qu’il implique.
Traduit du japonais, annoté et présenté par Michael Lucken, historien et professeur à l’Inalco, avec une préface de Carole Maigné, philosophe et professeure à l’Université de Lausanne. (source : Les presses du réel)

Michael Lucken, professeur à l’Inalco, est un historien et japonologue français. Auteur de la seule monographie en français sur Nakai (Nakai Mazakazu – Naissance de la théorie critique au Japon, Les presses du réel, 2016), il a publié de nombreux travaux sur l’histoire culturelle et artistique du Japon au XXe siècle. Partisan d’une approche esthétique de l’histoire, il s’intéresse à la circulation des formes, aux effets de ressemblances, aux changements de perspective, cherchant ainsi à éprouver les possibilités d’une communauté du sens.

Masakazu Nakai (Nakai Masakazu ou Nakai Shōichi, 1900-1952) est un philosophejaponais, l’un des pionniers de la critique des médias, du cinéma et du sport au Japon. Du fait de ses références et de sa sensibilité – il a connu la crise du bouddhisme, la montée du fascisme, la prison, le bombardement de Hiroshima et l’occupation américaine –, il a souvent été rapproché de Walter Benjamin. Son œuvre a profondément marqué les mouvements de contre-culture des années 1960.

Demain la Chine : guerre ou paix ?

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Développement économique vertigineux, montée en puissance impressionnante, modernisation militaire sans précédent, passions nationalistes souvent incandescentes, confrontation de plus en plus intense avec les États-Unis, tous ces ingrédients connus semblent conduire immanquablement la Chine à la guerre.
Les causes immédiates d’un conflit armé ne manquent pas : les prétentions de Pékin en mer de Chine du Sud, le conflit territorial sinojaponais autour des Senkaku (Diaoyu) et surtout la volonté farouche de Xi Jinping de réunifier Taiwan à la République populaire constituent les principaux barils de poudre qui peuvent à tout moment exploser. De fait, les prédictions d’un affrontement militaire dans le détroit de Formose d’où la Chine sortirait vainqueur se multiplient.
Pour l’heure, ce que l’on observe avant tout est une utilisation de plus en plus fréquente par le gouvernement chinois de ce qu’on appelle les « zones grises » entre la paix et la guerre. Cette stratégie s’est étendue, en 2020, à la longue frontière sino-indienne. Ce nouveau modus operandi permet aussi à l’Armée populaire de libération (APL) et aux autres agences de sécurité chinoises d’améliorer leur capacité de projection de forces et leur préparation au combat. Mais les enjeux d’une guerre ouverte, et pas uniquement avec les États-Unis, restent énormes, incitant l’APL à d’abord envisager des « opérations extérieures » plus limitées et moins dangereuses.
Pour ces raisons, bien que nul ne puisse contrôler les passions humaines, et sans pour autant exclure l’irruption de crises militaires, la Chine et les États-Unis s’orientent plus vers une guerre froide d’un nouveau type que vers une guerre chaude qui pourrait rapidement se nucléariser. (source : Gallimard)

Jean-Pierre Cabestan est directeur de recherche au CNRS, membre de l’UMR IFRAE, et professeur à l’Université baptiste de Hong-Kong.

Contingence et communauté, Kuki Shûzô, philosophe japonais

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Entre bergsonisme et phénoménologie, bushidô et mythe de Sisyphe, poétique de la rime et éternel retour du même, nationalisme culturel et esthétique de l’époque d’Edo, l’œuvre protéiforme de Kuki Shûzô (1888-1941) a émergé d’une tension féconde entre les mondes intellectuels japonais, français et allemand. Elle ne saurait être élucidée selon les idées convenues de pensée « proprement japonaise », de synthèse entre « Orient » et « Occident », ou même de métissage culturel. Cette œuvre qui nous incite à repenser les notions d’identité, de communauté, d’universalité, et en premier lieu le « nous » lui-même, est bel et bien une philosophie originale et universelle, son nœud secret étant le commun, dont la modalité d’être est la contingence et où la phénoménalité originaire est la rencontre fortuite, principe inconditionné de tout apparaître. (source : Vrin)

Simon Ebersolt est chercheur postdoctoral à l’Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est (Inalco/Université Paris Cité/CNRS), où il est co-responsable du Groupe d’étude de philosophie japonaise.

Le nom formel japonais mono. Approche sémantique syntaxique et énonciative

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Le présent ouvrage porte sur l’un des mots les plus fréquents de la langue japonaise contemporaine : le nom mono, traduit généralement par “chose” ou “objet”. Ce nom a la particularité de ne pas avoir de référent en propre et de pouvoir désigner aussi bien un objet concret qu’un concept abstrait, voire un ensemble d’individus partageant quelques traits assez larges. Véritable “nom caméléon”, mono est également employé à des fins grammaticales ou énonciatives. Il est alors qualifié de nom formel. Derrière une apparente banalité, mono est ainsi une unité linguistique protéiforme difficile à enfermer dans une catégorie donnée. Support d’une perception du monde sensible proprement japonaise, mono avait autrefois le sens très large de “ce que l’on ne peut changer” et pouvait alors désigner des choses aussi diverses que le destin, le rythme des saisons ou les règles du monde. La langue japonaise distingue en effet deux classes de choses : celles relevant des koto (référents événementiels) et celles des mono (référents stables).
À travers des observations en discours, cet ouvrage précise les contours de ces emplois référentiels et fonctionnels. Il explore également la contribution sémantique de mono à la réalisation de tournures expressives plus ou moins figées en les reliant à ce trait fondamental de stabilité.
Cet ouvrage s’adresse à toute personne qui souhaiterait disposer d’éléments théoriques pour mieux comprendre le fonctionnement des noms formels et, en particulier, les emplois de mono, et aussi aux linguistes curieux de la langue japonaise et intéressés par les questions de prédication nominale ou d’expression de la modalité. (source : Presses Universitaires de Bordeaux)

Jean Bazantay est maître de conférences à l’Inalco, département des études japonaises.

Le chanteur ambulant: une anthologie poétique

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Le chanteur ambulant: une anthologie poétique – Lakṣmīprasād Devkoṭā

Collection Planètes – édition bilingue – Poèmes traduits du népali par Rémi Bordes (IFRAE)

Laksmiprasad Devkota (1909-1959) est au Népal une figure tutélaire des lettres, le classique immédiat de la modernité. Sa poésie, où se mêlent pensée humaniste et résonances spirituelles, exprime ses racines indo-himalayennes en même temps qu’elle les transcende dans une rare densité d’expression. Des morceaux significatifs de son œuvre sont ici réunis et traduits en français par Rémi Bordes, maître de conférences en népali.

En mars, fusils brisés

Préface d’Emmanuel Poisson (IFRAE) et François Guillemot (IAO)
Postface de Dô Kh.
Note de lecture de Bao Ninh.
Traduction d’Emmanuel Poisson.

Le livre chez l’éditeur

En mars 1975, un mois avant la prise de Saigon par les soldats communistes du Nord, le jeune lieutenant Cao Xuân Huy est fait prisonnier près de Huê. Il relate la retraite et l’annihilation d’une des meilleures unités sud-vietnamiennes, la division de Marines, qui défend le 17e parallèle. Ce texte autobiographique, cru et sans complaisance, n’est pas sans rappeler Henri Barbusse ou Ernst Jünger. Rien ne manque au récit apocalyptique d’une armée en déroute : combats d’arrière-garde, exécutions sommaires, trahisons et lâchetés. Cao Xuân Huy le fait avec une candeur absolue, racontant même comment, lors d’une bousculade, il parvient à se frotter aux seins de ses gardiennes viêt-công. Son témoignage fera scandale par sa fraîcheur et sa véracité dans la communauté amère des exilés sud-vietnamiens. De cette guerre du Viêt Nam, le lecteur occidental connaît surtout les témoignages des “vainqueurs”, même critiques, comme celui de Bao Ninh. (source : Riveneuve)

Emmanuel Poisson est professeur d’histoire du Viêt Nam à l’Université Paris Cité, membre de l’IFRAE.

François Guillemot est historien à l’Institut d’Asie orientale (CNRS-École normale supérieure de Lyon).

Do K.  est journaliste, essayiste et écrivain du courant novateur des lettres vietnamiennes depuis une trentaine d’années.

Marcelino Truong est dessinateur et illustrateur.