Les Aphorismes de Sakya (XIIIe s.) : formes tibétaines, brèves et sages, leur histoire et leur usage au Tibet

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 Actes du XXXe colloque de la Villa Kérylos, 11-12 octobre 2019

Cet article propose de réfléchir aux raisons du succès du célèbre recueil tibétain de quatrains sapientiaux, Le trésor des précieux aphorismes (tib. Legs bshad rin po che’i gter), plus connu sous le nom des Aphorismes de Sakya (tib. Sa skya legs bshad). Rédigé par le maître bouddhiste Sakya Paṇḍita Künga Gyaltsän (tib. Sa skya Paṇḍita Kun dga’ rgyal mtshan, 1182-1251), l’un des plus éminents savants tibétains de son temps, il compte 457 aphorismes (tib. legs bshad, littéralement “belles paroles”), parfois condensés jusqu’à en être énigmatiques, répartis en neuf sections. Archétype du recueil de quatrains moraux, influencé par des modèles indiens et regorgeant de références culturelles à l’Inde, il conserve plus de huit cents ans après sa rédaction une immense popularité et ce, dans toutes les couches de la population. L’article passe en revue les recueils de type gnomique qui l’ont précédé au Tibet, puis décrit ces Aphorismes de Sakya dans leurs caractéristiques formelles tout en s’intéressant au contexte historico-religieux où ils ont émergé. Il replace ensuite cette œuvre dans la carrière intellectuelle et politique de son auteur, pour s’interroger enfin sur ses usages et son utilité. Il émet l’hypothèse que la bonne fortune de ces quatrains est due au prestige de leur auteur, à leur élégance formelle, à leur facilité de mémorisation, certes, mais aussi au fait qu’ils proposent à leurs lecteurs le double objectif d’une progression spirituelle et d’une connaissance fine de la société humaine. C’est un vade mecum à l’usage des laïcs, genre littéraire qui n’est pas si fréquent dans la production savante tibétaine, pléthorique mais très majoritairement réservée à l’usage des religieux. 

Françoise Robin is a professor of Tibetan language and literature at Inalco in Paris. She has done extensive research on Tibetan contemporary literature and filmmaking and has translated many novels and short stories from Tibetan into French and English.

La philosophie à l’épreuve de l’histoire : la rencontre de Rousseau et du Japon

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Cet article interroge le mode de développement de la philosophie japonaise moderne à travers la recension de Rousseau au Japon d’Eddy Dufourmont. La figure de « Rousseau au Japon » s’est forgée à partir d’une quadruple médiation pluridimensionnelle : la rencontre entre l’œuvre de Rousseau et une personnalité originale, Nakae Chômin (1847-1901) ; la rencontre entre Chômin et la France des débuts de la Troisième République ; la rencontre entre Rousseau et un contexte politique japonais particulier, celui de l’ère Meiji ; la rencontre entre Rousseau et le confucianisme, et plus généralement la Chine classique, ce tiers intérieur au Japon.

Simon Ebersolt est chercheur postdoctoral à l’Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est (Inalco/Université de Paris/CNRS), où il est co-responsable du Groupe d’étude de philosophie japonaise.