Entretien avec Wang Zi


Postdoctorant à l’Université du Duisburg Essen (Allemagne) et lauréat d’une bourse jeune chercheur Marie Sklodowka-Curie, Wang Zi est accueilli à l’IFRAE pour une durée de deux ans;

Qu’est-ce qui vous a amené à votre discipline et à votre aire d’étude ? 

J’ai dédié ma thèse à l’examen de la formation de hiérarchie dans le contexte éducatif – surtout au collège et lycée – du Japon contemporain. Tout juste avant la soutenance, mon directeur de thèse m’a demandé si je serais intéressé pour monter un projet avec lui afin d’étudier la population est-asiatique présente en Europe, en nous concentrant sur la thématique suivante : les compétences linguistiques des migrants asiatiques jouent-elles un rôle dans leur niveau de bien-être. Je crois que cette idée innovante de mon directeur à l’époque m’a vraiment inspiré à porter un regard croisé sur plusieurs thèmes, voire disciplines. C’est la raison pour laquelle l’interdisciplinarité a défini tous mes projets depuis lors : mon premier projet postdoctoral sur sociologie du langage, migration et bien-être, ainsi que mon projet actuel financé par la bourse Marie Curie, alliant études asiatiques, éducation comparée et bien-être.

Pouvez-vous présenter votre parcours académique en quelques mots ?

Après mon baccalauréat (A Levels) en sciences humaines et sociales à Singapour, j’ai décidé de faire ma licence en « liberal arts » à l’Université Waseda à Tokyo. J’ai ensuite rejoint Sciences Po Paris avec une bourse Emile Boutmy, au sein de l’école des affaires internationales (PSIA), pour mon master. Enfin, j’ai rédigé ma thèse avec une bourse doctorale à l’Université Duisburg-Essen en Allemagne.

Dans le cadre de mes recherches doctorales, j’ai examiné la construction discursive de jouge kankei (système hiérarchique se basant sur la séniorité) au sein des activités scolaires au collège et lycée au Japon. Pendant ce temps, j’ai eu l’occasion de retourner à Tokyo et de faire un terrain de 10 mois dans plusieurs collèges et lycées locaux. Pendant mon premier poste postdoctoral, j’ai eu de la chance d’être sélectionné pour un financement de la DFG en Allemagne, qui m’a donné la liberté de construire un profil de recherche interdisciplinaire. Grâce à ce projet, j’ai pu développer une ligne de recherche qui comprend aussi bien les trajectoires migratoires asiatiques en Europe que des questions d’éducation et de bien-être. Il m’a également permis de développer davantage mes compétences méthodologiques, avec un intérêt particulier pour les méthodes mixtes.

Que représente pour vous la bourse Marie Curie et votre accueil à l’IFRAE  ?

La bourse Marie Curie représente tout d’abord pour moi la possibilité de mener un projet de recherche dans les meilleures conditions à ce stade de ma carrière. Ainsi, cette bourse me permet la flexibilité nécessaire à l’acquisition de savoir-faire dans le secteur non-académique, notamment par le biais de détachements libres. Par exemple, je prépare actuellement des séjours dans des organisations inter-gouvernementales et/ou think tanks pendant la deuxième année.

A mon avis, l’IFRAE est le meilleur établissement universitaire dans le paysage de l’enseignement supérieur et de la recherche français en ce qui concerne les expertises multidisciplinaires se portant sur l’Asie orientale contemporaine, regroupant un nombre important d’experts autour de différents axes de recherche. Cela me permet d’échanger avec des experts qui travaillent dans des disciplines proches, notamment sociologie de l’éducation et migration asiatiques en Europe. Je suis certain que cela facilitera le développement de mon projet actuel.

Quels sont vos thèmes de recherche et projets à venir ?

Pendant mes deux années à l’Inalco, j’examinerai la question du bien-être des collégiens et lycéens dans le contexte éducatif en adoptant un regard croisé entre Japon et Finlande. J’analyserai surtout le rôle des méthodes d’enseignement sur le bien-être subjectif des élèves. De surcroit, j’envisage de continuer à intégrer l’aspect migratoire

Souhaiteriez-vous adresser quelques mots aux membres de l’IFRAE ?

C’est un grand plaisir pour moi de passer ces deux années à l’IFRAE où se concentrent plusieurs nombres de groupes de recherche pertinents. Il y a à la fois des axes qui me sont familiers (Axe II, thèmes 2 et 3), mais aussi d’autres au sein desquels je sais que j’aurai beaucoup à apprendre. J’aimerais de fait profiter de ces deux ans pour développer mon projet, mais surtout pour échanger avec de nouveaux collègues et, qui sait, ouvrir la porte à des collaborations futures.